
De jour comme de nuit, ces hommes en jaune travaillent le long des routes. On les appelle toujours la DDE, pourtant celle-ci n’existe plus : les agents des routes sont désormais rattachés aux conseils généraux. Au nom d’une « modernisation » de la filière, leurs services subissent de vastes suppressions de postes. Et leurs missions sont de plus en plus transférées au secteur privé. Enquête dans l’Isère auprès des derniers travailleurs publics de la route.
les conseils généraux testent dans certaines zones la conduite des véhicules hors-gabarit avec une seule personne. « Ils assurent qu’en contrepartie on aura un matériel plus sophistiqué. Et même qu’on pourra commander les saleuses au GPS », ironisent les agents réunis autour de Richard. Une situation très difficile : en hiver, il n’est pas rare que les journées de 3h à 23h s’enchaînent. « Et si on n’est pas deux dans le camion, c’est la mort assurée. »(...)
« Le manque à gagner contraint aujourd’hui le conseil général de l’Isère à faire des économies, par la suppression de postes d’agents des routes, constate Jean-Michel Montoya. Il ne remplace pas les départs à la retraite, par exemple », s’agace le syndicaliste.(...)
L’objectif du conseil général pour 2011 ? Passer à 4 agents et 0 chef d’équipe. « On assiste à un regroupement des centres d’entretien routiers, c’est un mouvement général, », déplore Jean-Michel Montoya. Évidemment, cela a des conséquences. La tonte des à-côtés de la route, des parkings, des aires de repos,... les agents ne le font plus. « L’état des routes se dégrade de plus en plus, décrit Richard. On opère par gros coups sur une seule portion. Sur le reste, il n’y a pas d’entretien. » Pour les agents, le retour en régie des missions d’entretien et d’exploitation des routes signe la fin d’un service public de qualité.(...)
Les collectivités externalisent de plus en plus l’entretien de la voirie, le confiant à des entreprises privées tout en restant les maîtres-d’œuvre. Une transition parfois abrupte : « Un matin, se souvient Jean-Michel Montoya, je suis parti avec la tondeuse-remorque. Le chef d’équipe m’a rappelé en me disant que ce n’était plus notre centre qui s’en occupait, car ça avait été privatisé depuis le début de la semaine. »(...)
Les conditions de travail dégradées et la privatisation progressive des missions n’ont provoqué que des mobilisations syndicales ponctuelles et localisées, comme en Île-de-France. (...)