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A l’encontre
Etats-Unis. La Californie brûle
Article mis en ligne le 15 avril 2015
dernière modification le 6 avril 2015

En mars, Jay Famiglietti, un scientifique chevronné auprès du Jet Propulsion laboratory de la NASA en Californie, a émis un avertissement sérieux : il ne reste de l’eau que pour un an dans les réserves de l’Etat et les bassins des rivières. Pas seulement cela. Famiglietti ajoute que même les plus anciennes réserves naturelles d’eau – l’eau de sous-sol – pourraient disparaître aussitôt que les réservoirs se seraient asséchés.

Quelque 38,8 millions de personnes vivent en Californie, soit environ une personne sur huit aux Etats-Unis. La Californie produit également une bonne partie des produits alimentaires que l’on trouve sur les tables du pays et dans le monde. Les gens ont donc le droit d’être effrayés.

La sécheresse en Californie provoque la crise l’écologie de l’Etat et de la région et les gens ordinaires se bousculent pour trouver de l’aide. De nombreux restaurants ont cessé de servir de l’eau de table à moins que les clients le demandent. Bon gré, mal gré, les gens cessent de tirer l’eau des toilettes, prennent des douches plus courtes et ne lavent plus aussi souvent leurs véhicules.

Les médias sont remplis de conseils sur comment les individus peuvent modifier leurs modes de vie et leurs habitudes personnelles afin de contribuer à alléger la crise de l’eau, litre après litre. Mais tout cela évite de poser les questions plus vastes sur ce qui est à l’origine de cette sécheresse et ce qui peut être réalisé pour améliorer la situation.

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Les scientifiques reconnaissent que les « mégas sécheresses » de l’ouest des Etats-Unis sont le résultat du changement climatique, lequel produit des records de températures sur la côte ouest et des hivers historiquement froids ainsi que des « mégas tempêtes » sur la côte est.

Bill Patzert, chercheur et océanographe de la NASA, explique dans un article de 2014 évaluant l’histoire des sécheresses en Californie, comment le réchauffement climatique intensifie les effets d’événements climatiques cycliques (...)

Une autre industrie responsable de ce que la crise atteint ces proportions est le pétrole et le gaz. Les géants de l’énergie firent irruption en Californie au cours des dernières années pour participer au boom du fraking hydraulique : ce qui, bien sûr, nécessite le pompage et l’injection sous haute pression de quantités énormes d’eau afin de libérer des poches de gaz naturel et de pétrole.

californieMalgré les rapports qui indiquent que le sol de Californie s’enfonce d’un pied [0,3048 mètre] par année en raison de l’assèchement des réservoirs, des enquêtes ont révélé que les compagnies pétrolières déversaient des eaux usées du fraking dans la nappe phréatique et les puits. Il y a même des discussions pour déverser cette eau contaminée dans l’océan. (...)

Qu’est-ce que tout cela signifie pour les gens vivant en Californie ?

Nous avons devons-nous une lutte et nous avons besoin de nous y préparer en unifiant les forces qui puissent s’opposer aux chefs d’entreprise et aux politiciens qui ne pensent qu’à leurs résultats financiers alors que la Californie brûle. Les partisans de la justice écologique doivent envisager et se battre pour une production alimentaire soutenable, pour les droits, la santé et la sécurité des travailleurs ainsi que pour les droits des indigènes.

On estime que les paysans et l’industrie agricole dans son ensemble ont perdu 2,2 milliards de bénéfices en raison de la sécheresse de 2014 et que 17’000 personnes furent licenciées. Des localités rurales avec plusieurs milliers d’habitant·e·s, principalement de la classe laborieuse, doivent effectuer des choix difficiles concernant l’utilisation de l’eau alors que l’eau de sous-sol et les puits sont contaminés par la pollution issue du fraking.

Les droits des peuples indigènes du bassin du Klamath-Trinity, y compris les tribus Yurok et Hoopa, sont aussi en ligne de mire. Les tribus californiennes se sont battues pendant des années pour protéger leurs pêcheries et leurs populations de saumon (le réchauffement des eaux de surface provoque la mort des poissons). (...)