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Greenpeace
Événements climatiques extrêmes, à quand les réponses ?
Article mis en ligne le 8 août 2021

Le 29 juillet 2021

Les pertes sont immenses. Des centaines de personnes, sans compter celles encore portées disparues, sont décédées dans les inondations qui ont dévasté la Belgique, l’Allemagne et d’autres pays d’Europe ces dernières semaines. Une tragédie qui se répète également aux quatres coins de la planète, comme au Nigéria, en Inde ou en Chine.

Après l’urgence de soutenir les personnes sinistrées, vient le temps des réponses à apporter pour le futur. Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus présents, des sécheresses aux inondations. Le nombre de décès liés à ceux-ci s’alourdit chaque année. Quand viendront les réponses ?

Depuis son dernier rapport global sur les impacts du changement climatique en 2014, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a montré que l’augmentation de la température – actuellement de plus de 1,2°C au-delà de l’ère préindustrielle – a pour effet de multiplier les événements climatiques extrêmes. Ceux-ci se manifestent soit par une raréfaction des pluies (les sécheresses), soit par de fortes précipitations plus intenses ou plus fréquentes, soit par une hausse des températures. Les scientifiques prédisent que dans le pire des scénarios climatiques, les inondations seraient 14 fois plus fréquentes en 2100. En mars 2019, Beira, au Mozambique, a été la première ville détruite par des inondations liées au réchauffement climatique. A Madagascar, plus d’un million de personnes souffrent de la faim, une crise humanitaire directement liée au changement climatique selon l’ONU. Si nous ne faisons rien, le pire est devant nous.
Un nouveau rapport du GIEC pour sonner encore plus fort l’alarme

Le 9 août, les experts scientifiques du GIEC rendront public un nouveau rapport sur l’état des connaissances en matière de changement climatique. Ce rapport devrait appeler à renforcer significativement les mesures contre les changements climatiques, alors que les gouvernements doivent se réunir en novembre à Glasgow, en Ecosse, lors d’une nouvelle conférence pour le climat, la COP26. Ce rapport mettra à jour les prévisions concernant la hausse de la température mondiale, l’augmentation du niveau des océans et l’intensification des événements climatiques extrêmes. Selon nos analyses, limiter le réchauffement à +1,5°C comme le préconise l’Accord de Paris est encore techniquement et économiquement possible, mais pas pour longtemps si nos gouvernements continuent à faire semblant d’agir. Il est probable que ce rapport soit un nouveau coup de semonce pour alerter la communauté internationale des risques que notre inaction fait peser sur la planète et notre avenir.

Le cap : réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre (...)

Ce que nos pays viennent de traverser arrive depuis des années dans les pays du Sud, qui d’inondations en sécheresses, font face à un changement climatique dont ils sont à peine responsables. A l’approche de la COP26, les pays du Sud appellent les pays riches à prendre leurs responsabilités, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et en soutenant financièrement les victimes de la crise climatique. (...)

Reconstruire à l’identique serait une erreur fatale (...)

La reconstruction des bâtiments publics, des immeubles et maisons résidentielles ne pourra faire fi du défi climatique et social. En effet, le secteur du bâtiment fait partie des principaux émetteurs de gaz à effet de serre en Europe. C’est le cas en Belgique, lourdement touchée par les inondations, où 18,7% des émissions de gaz à effet de serre proviennent du bâtiment, avec un taux de rénovation très bas qui ne permet pas d’arriver à un bâti neutre d’un point de vue climatique en 2050. C’est aussi le cas en France où logements et bâtiments sont responsables de près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, soit le 2e plus gros émetteur juste après les transports et à égalité avec l’agriculture. Les logements reconstruits devront permettre, d’une part, la réduction de nos émissions de CO2 et, d’autre part, une meilleure préparation pour faire face aux conséquences des sécheresses et des précipitations extrêmes.

L’aménagement du territoire devra être repensé, en ne construisant plus dans les zones inondables, en évitant les fonds de vallées. (...)

La France à la traîne

La France fait aujourd’hui pâle figure sur la scène internationale en matière d’action climatique. Elle n’a toujours pas révisé ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (aujourd’hui -40 % d’ici à 2030), alors que l’Union européenne a adopté l’objectif de -55 %. La justice vient de condamner l’Etat français à agir sous neuf mois constatant la faiblesse des actions mises en place.

Et ce n’est pas la loi Climat et Résilience, qui vient d’être adoptée, qui pourra remettre notre pays sur la bonne trajectoire. Le gouvernement en a écarté toute mesure structurante (encadrement contraignant des entreprises, interdiction des publicités pour les produits polluants, fiscalité dissuasive sur les investissements climaticides, obligation de rénovation énergétique, etc.) sous la pression des lobbys. Quant aux articles censés ralentir l’artificialisation des terres, les multiples dérogations prévues les rendent inopérants. (...)

La nature comme alliée

A l’avenir, la nature peut devenir notre alliée dans les mesures d’adaptation au changement climatique pour lutter contre les étés caniculaires ou les pluies diluviennes. (...)

Les événements climatiques extrêmes qui endeuillent nos pays voisins ou plus éloignés doivent servir de réveil. Limiter les pertes humaines à l’avenir doit guider la reconstruction. Limiter le dérèglement climatique aussi. La bonne nouvelle, c’est que ces deux objectifs sont complémentaires. Il ne tient qu’aux gouvernements, et notamment à celui de la France, 8e pays contributeur historique aux émissions de gaz à effet de serre, de montrer l’exemple et de prendre leurs responsabilités.