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Mémoire des luttes
Face à la vulnérabilité de nos sociétés, ce que porte la Décroissance
Extraits d’une conférence que Kropotkine fit à Paris, salle Rivoli, le 20 décembre 1887
Article mis en ligne le 17 octobre 2013
dernière modification le 13 octobre 2013

« Comment réconcilier, d’un côté, un horizon social à court terme intégrant l’urgence de survivre, ici et maintenant… et, d’un autre, celui, à long terme, constitué par la richesse véritable des habitants de la planète qui se trouve dans la préservation des services eco-systémiques ? Le système capitaliste n’a pas su résoudre cette équation.

Il faut faire preuve d’audace, sans attendre. C’est ce que nous propose la Décroissance, en réconciliant l’écologie et l’humain. La Décroissance introduit une critique radicale de notre société de consommation, sans hypothéquer nos acquis démocratiques, sociaux ou culturels, et sans empiéter sur l’avenir. Elle propose une remise en question profonde de notre organisation sociétale afin de « faire mieux avec moins ». » (...)

L’écologie a commencé à prendre une place dans le débat public mondial à partir des années 1970, notamment sous l’impulsion de l’Unesco et de la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain, organisée à Stockholm en 1972. Et pourtant, aujourd’hui, cette place reste encore trop limitée au champ du devoir moral, plutôt qu’à celui de la nécessité. (...)

Saisirons-nous combien Indira Gandhi avait vu juste quand elle affirmait lors de la conférence de Stockholm (en tant que premier ministre de l’Inde) que « la pauvreté est la forme la plus grave de pollution » ? Ce cercle vicieux entre pauvreté et dégradation de l’environnement semble-t-il si abstrait ?

Les conditions environnementales déterminent les conditions sociales. Si l’on pense la question de l’accès aux ressources naturelles et aux biens communs, on discerne le lien indissociable entre écologie et justice sociale. (...)

Depuis longtemps, les phénomènes de transfert de risques ne concernent pas uniquement les capitaux. L’oligarchie toute entière organise sa protection sur le dos des plus faibles. Au-delà du simple fait de posséder ou non des biens, c’est l’exposition au(x) risque(s) qui est exacerbée par ce type de contrat social. Tout le jeu de la société de la croissance est de « déprotéger » ceux qui sont déjà vulnérables. Elle organise ainsi la misère, et canalise la population par le régime de la peur. (...)

Notre modèle capitaliste, productiviste, n’a plus de perspectives. Tous les signaux sont au rouge. Le risque est grand que nous passions bientôt de la rareté des ressources, qui crée déjà de nombreux conflits, à la pénurie complète… Nous imaginons alors fébrilement la barbarie qui pourrait voir le jour. La première chose qui pourrait disparaître, ce ne sont pas les hommes, mais leur humanité. (...)

L’adaptation aux changements climatiques opèrera d’une manière ou d’une autre. Si elle n’advient pas sur un mode démocratique, elle s’imposera sur un mode darwinien. Les plus vulnérables périront. Certains croient encore qu’en injectant des capitaux dans l’économie, nous résoudrons les problèmes, mais cela ne fonctionne pas ainsi. On transforme actuellement la notion de « résilience » en gestion du « trauma ». (...)

Les leviers démocratiques de la Décroissance sont multiples pour resocialiser la politique et re-politiser la société : les relocalisations, les gratuités des services et du bon usage, le renchérissement du mésusage, etc [9]. Ce ne sont que de simples choix à faire. Les projets de société que véhicule la Décroissance en présentent de nombreux. La société civile fourmille d’initiatives et d’expérimentations concrètes pour créer de du pouvoir d’agir citoyen. (...)

Tous les pays riches ou émergents ont un nouveau défi à relever : sortir de ce modèle capitaliste mortifère et reconquérir la démocratie, notamment par la prise en compte de la question environnementale. C’est une nouvelle frontière à intégrer pour offrir une formidable promesse de progrès démocratique. L’ensemble des enjeux environnementaux doit aujourd’hui être politisé. (...)