
Un changement culturel se produit en faveur de l’alimentation en produits issus de l’agriculture biologique. Il faut des mesures concrètes pour développer celle-ci, demandent les professionnels du bio et les ONG, qui interpellent les candidats à l’élection présidentielle.
90 % de sondés en faveur d’une transition agricole. 86 % pour une interdiction progressive des pesticides d’ici à 2025. 82 % souhaitent des aides spécifiques pour aller vers au moins 20 % des surfaces agricoles en bio.
Ce sont les résultats sans appel du sondage commandé à l’IFOP par sept organisations agricoles et environnementales. Dévoilés mercredi 15 mars, ils viennent à l’appui de la campagne lancée le même jour : « Moi président-e, en 2017, je vote pour une agriculture bio et citoyenne. »
« Encore une fois, cela montre que la société est en avance sur les politiques », estime Stéphen Kerckhove, délégué général de l’association Agir pour l’Environnement. « Et le sondage indique que quel que soit le bord politique des personnes interrogées, il y a très peu de différence ». (...)
« L’unanimité politique en faveur du modèle de l’agriculture productiviste n’existe plus, se félicite Julien Adda, délégué de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB), syndicat représentant les agriculteurs bio. Plus de mille élus ont signé notre Pacte bio 2017, qui se donne pour objectif de faire de la France le premier pays bio d’Europe. » (...)
Préserver les terres agricoles
Dix mesures sont ainsi mises en avant. Parmi elles : 20 % de surfaces agricoles en bio d’ici 2022, et 50 % de bio et local à la cantine ; reconnaissance des semences paysannes et protection de leur usage collectif contre les brevets ; interdiction totale des OGM ; réduction des émissions de gaz à effet de serre agricoles…
Point important, la préservation des terres agricoles. (...)
Les fermes-usines sont aussi visées. Parmi les organisations présentes, le CIWF (Compassion in world farming), qui défend le bien-être des animaux d’élevage, propose un plan de désintensification de l’élevage. (...)
Côté pesticides, Dominique Cena, porte-parole de l’Unaf (Union nationale de l’apiculture française), demande une interdiction rapide des molécules les plus dangereuses et plus de moyens pour la recherche sur les alternatives aux pesticides.
Enfin, le mouvement Inter-régional des Amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) plaide de son côté pour une ouverture de l’agriculture aux citoyens (...)
Pour mieux dessiner cette transition agricole, les associations proposent en outre l’organisation d’États généraux de l’agriculture et de l’alimentation dès cette année. Enfin, pour financer tout cela, elles militent pour une réorientation des budgets de la Politique agricole commune de l’Union européenne, avec une « rémunération des services environnementaux et sociaux » rendus par les agriculteurs et leurs fermes, alors qu’aujourd’hui la majorité des aides sont liées à la quantité d’hectares de l’exploitation.
Munies de ces propositions et des résultats du sondage, les organisations vont démarcher les candidats afin d’obtenir des "engagements précis".
« Et pour appuyer nos demandes, nous avons lancé une pétition avec un objectif de 200.000 signatures », signale Stéphen Kerckhove.