
Nous sommes un groupe de l’association France – Kurdistan, nous nous trouvons actuellement dans le sud-est de la Turquie dans le cadre d’un séjour solidaire. Nous venons de rencontrer, à la frontière syrienne, les autorités municipales de Nusaybin et de Cizre qui organisent, sur leur territoire, l’accueil des réfugiés yézidis.
Nous avons recueilli de nombreux témoignages auprès de personnes ayant trouvé abri et secours dans les familles des villages de leur communauté, ainsi que dans un immense entrepôt industriel réhabilité. 800 personnes y sont hebergées. Elles nous ont relaté la barbarie inhumaine dont a été victime cette minorité kurde irakienne de la part des groupes djihadistes de l’Etat Islamique. Dans l’urgence de la parole, ces hommes et ces femmes, exténués mais soulagés d’avoir trouvé enfin un lieu sûr, ont évoqué dans une immense douleur ce qu’ils considèrent comme un génocide.
Ces réfugiés sont originaires de la ville ou des villages de la plaine de Sinjar qui ont subi une attaque de l’EI à partir du 3 août. Par plus de 40°, ils ont fui dans les montagnes dans des conditions insoutenables, privés d’eau et de nourriture. Les plus vulnérables ont succombé par centaines. Alors que l’offensive se déroulait, ils nous disent n’avoir reçu aucun soutien des peshmergas irakiens qui se sont dérobés face à l’ennemi. Ils évoquent avec dureté cet abandon et leur sentiment d’avoir été trahis par ceux qui étaient censés les protéger.
Abandonnés et livrés à la sauvagerie de l’EI, les massacres et les exactions ont débuté. Tous les hommes ont été systématiquement fusillés, les enfants tués à bout portant et égorgés, les femmes violées, tuées, éventrées lorsqu’elles étaient enceintes, les jeunes filles enlevées dès 8ans pour être vendues comme esclaves. Les riches acheteurs des Emirats et d’ailleurs ne manquent malheureusement pas... Dans un village de 600 personnes, dont la quasi-totalité de la population a disparu, 40 femmes se sont données la mort collectivement, préférant le suicide au sort tragique que leur réservaient leurs bourreaux islamistes.
Seuls les kurdes du PYD et du PKK, appuyés par des miliciens civils yézidis, ont pris position dans les montagnes pour sécuriser la zone et ouvrir un corridor d’une dizaine de kilomètres de large. Selon les sources, entre 70 000 et 100 000 yézidis ont pu ainsi être évacués vers les cantons autonomes kurdes de Rojava ou du Kurdistan irakien et dans une moindre mesure vers la Turquie. Ces réfugiés ont tenu à nous dire avec force « le PKK nous a sauvé la vie. Dîtes-le ! ». Pour l’essentiel, le 11 août, la totalité du Sinjar était libérée.
Pour autant d’énormes problèmes demeurent. De nombreux kurdes yézidis se trouvent encore dans des zones de combat sans protection. Des familles entières sont dispersées, parcourent des centaines de kilomètres pour retrouver les leurs et tentent de franchir des frontières. Que vont-ils advenir ? La vie des réfugiés doit par ailleurs s’organiser. Les témoignages recueillis dans ce domaine sont accablants.
Notre groupe « France – Kurdistan » a pu observer la situation qui leur était réservée en Turquie.
L’Etat turc continue à apporter en toute impunité une aide militaire, logistique et médicale aux djihadistes. Ils multiplient les obstacles à l’aide humanitaire envers les yézidis en entravant le passage de convois de nourriture, de vêtements et de médicaments. (...)
Le BDP coordonne cette solidarité en ayant mobilisé les 101 municipalités qu’il dirige et leurs populations. D’ores et déjà, elles ont pris en charge 2000 yézidis. 5000 nouveaux réfugiés arrivent dans la semaine. Les élus rencontrés savent qu’ « ils ne sont pas au bout de leur peine », une nouvelle vague est attendue.
Tous, élus comme réfugiés, s’indignent de l’abandon de la communauté internationale et du peu d’intérêt que suscite leur situation.
Le regard que les réfugiés portent sur les pays occidentaux est sans concession. Les frappes américaines après le désastre de la guerre en Irak, les tergiversations européennes et les gesticulations françaises ne trompent personne. Ils ne manquent pas de rappeler que les terroristes islamistes sont armés et financés par leurs alliés à l’échelle internationale. Certains pays du Golfe et du Moyen-Orient sont des bailleurs de fonds complaisants, comme le Qatar. D’autres agissent plus officieusement comme la Turquie, membre de l’OTAN. En revanche, ceux qui défendent la liberté et les droits humains sont considérés comme des « terroristes » à l’image du PKK. Les livraisons d’armes se font attendre et l’aide humanitaire est dérisoire. (...)Le BDP coordonne cette solidarité en ayant mobilisé les 101 municipalités qu’il dirige et leurs populations. D’ores et déjà, elles ont pris en charge 2000 yézidis. 5000 nouveaux réfugiés arrivent dans la semaine. Les élus rencontrés savent qu’ « ils ne sont pas au bout de leur peine », une nouvelle vague est attendue.
Tous, élus comme réfugiés, s’indignent de l’abandon de la communauté internationale et du peu d’intérêt que suscite leur situation.
Le regard que les réfugiés portent sur les pays occidentaux est sans concession. Les frappes américaines après le désastre de la guerre en Irak, les tergiversations européennes et les gesticulations françaises ne trompent personne. Ils ne manquent pas de rappeler que les terroristes islamistes sont armés et financés par leurs alliés à l’échelle internationale. Certains pays du Golfe et du Moyen-Orient sont des bailleurs de fonds complaisants, comme le Qatar. D’autres agissent plus officieusement comme la Turquie, membre de l’OTAN. En revanche, ceux qui défendent la liberté et les droits humains sont considérés comme des « terroristes » à l’image du PKK. Les livraisons d’armes se font attendre et l’aide humanitaire est dérisoire. (...)
Dans ce combat, le PKK au premier plan est un acteur incontournable de la paix. Il ne doit plus figurer sur la liste des organisations « terroristes » des pays occidentaux. Nous demandons à la France et à l’Union européenne d’agir immédiatement dans ce sens. Ce serait indigne d’attendre davantage.
L’ONU se doit d’être un acteur majeur dans le soutien aux réfugiés et dans les résolutions des problèmes régionaux.
« France-kurdistan » s’adresse à la conscience des citoyens et citoyennes de France attachés aux valeurs humaines, à relayer cet appel.