
Le dualisme sociétal a longtemps été l’apanage du Tiers-monde. Il se caractérise notamment par la polarisation riches-pauvres de la société et la grande faiblesse de la classe moyenne. La dynamique néolibérale impose un ajustement structurel qui tend à généraliser au monde entier le dualisme des sociétés sous-développées. C’est ce que je nomme la Tiers-mondialisation de la planète.
Cette Tiers-mondialisation atteint maintenant les pays du Nord, dits développés, sans épargner le pays « central » : les États-Unis. Des auteurs, de plus en plus nombreux[ii], décrivent le phénomène à travers la désindustrialisation, la montée du chômage, la dégradation des services publics, l’euthanasie des classes moyennes, la paupérisation des masses, la trahison des élites… La manifestation la plus flagrante s’observe dans les villes qui, industrieuses au cours de la période des Trente glorieuses, déclinent depuis le début de la mondialisation néolibérale. Par exemple, des cités comme Détroit, autrefois fleuron de la construction automobile nord-américaine, en viennent à « ressembler aux enfers du Tiers-monde ».
La pandémie touche aussi l’Europe – Grèce, Portugal, Espagne, Irlande… - mais aussi notre pays : la France. Chez nous aussi, les pauvres deviennent plus nombreux et plus pauvres, les riches plus riches, la classe moyenne s’effiloche, amplifiant le dualisme de la société française. Le déséquilibre de la structure sociale est porteur d’instabilité et de conflits qui peuvent devenir violents comme en atteste l’expérience de certains pays du Tiers-monde.
La France est menacée, car elle est atteinte du syndrome de polarisation-dualisme-destruction des classes moyennes qui peut engendrer la tyrannie comme l’écrivait Aristote. Devant cette menace, la résistance doit s’organiser et réagir, mais aussi réfléchir à l’après. (...)
la base de la pyramide sociale s’élargit et s’enfonce inexorablement dans les tréfonds de l’abîme de la misère. Par contre, comme dans un jeu à somme nulle - non plus « gagnant-gagnant », mais « gagnant-perdant » - les plus riches ne cessent de s’enrichir malgré la crise.
Pendant que le sommet de la pyramide sociale se détache (...)
Le corps social s’étire, sa base s’enfonce et son sommet s’envole (...)
Par l’extension planétaire de la mise en concurrence des individus, des entreprises, des institutions…, la mondialisation néolibérale impose un nivellement par le bas des conditions sociales. Ce faisant, elle provoque l’euthanasie des classes moyennes[xx] qui s’étaient beaucoup densifiées au cours des Trente glorieuses[xxi]. Ce faisant, le corps social se polarise, sa structure pyramidale stable se transforme en une sorte de sablier asymétrique à l’équilibre instable. Le dualisme sociétal, caractéristique du Tiers-monde, s’installe progressivement.
Par l’extension planétaire de la mise en concurrence des individus, des entreprises, des institutions…, la mondialisation néolibérale impose un nivellement par le bas des conditions sociales. Ce faisant, elle provoque l’euthanasie des classes moyennes[xx] qui s’étaient beaucoup densifiées au cours des Trente glorieuses[xxi]. Ce faisant, le corps social se polarise, sa structure pyramidale stable se transforme en une sorte de sablier asymétrique à l’équilibre instable. Le dualisme sociétal, caractéristique du Tiers-monde, s’installe progressivement.
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L’euthanasie des classes moyennes par le néolibéralisme (porté par l’ensemble des partis politiques qui se sont succédés au pouvoir depuis les années 1980), en renforçant le dualisme de la société française, présente un risque majeur : celui de la dissolution de la nation.
De plus, la porte s’ouvre à la « tyrannie » (...)
Chez nous, dans un avenir proche, les classes moyennes, malgré tout encore vivaces, pourraient se tourner, lors des prochaines échéances électorales, vers des forces politiques qui se disent « hors système », mais qui, en réalité, sont instrumentalisées et pleinement intégrées au dit système, malgré une rhétorique de « rupture ». (...)
Résistons et proposons !
Nous devons résister à cette guerre et à l’éventuelle tyrannie qui se profile. Dans un premier temps au moins, cette résistance doit s’exprimer sur une base nationale qui apparaît l’échelon le plus approprié. Cette résistance pourra, par exemple, se concrétiser par le dépôt de grains de sable dans les engrenages bien huilés du rouleau compresseur néolibéral.
Ce n’est pas la fin de l’histoire[xxxi], le système a des faiblesses qu’il faut exploiter. À l’instar des résistants de la deuxième guerre mondiale, nous devons mettre en commun nos savoirs et nos expériences pour mettre à bas l’éléphant aux pieds d’argile qu’est le capitalisme financiarisé.
Il s’agira ensuite de reconstruire.(...)