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Mediapart
Garrido-Corbière : « Le Point », un journal accro aux fausses infos
Article mis en ligne le 2 juillet 2022

Une semaine après avoir dû admettre que les informations concernant le couple de députés Garrido-Corbière étaient fausses, l’hebdomadaire « Le Point » a été condamné en diffamation dans une tout autre affaire, en raison d’une base factuelle « inexistante ». Un fiasco de plus pour la direction de la rédaction, qui a une fâcheuse tendance à publier ses informations sans les vérifier.

Si depuis les révélations de la fausse affaire Garrido-Corbière, le patron du Point Étienne Gernelle a reconnu qu’il s’agissait d’un « fiasco », il a surtout immédiatement chargé le journaliste et auteur du papier, Aziz Zemouri. Il serait la brebis galeuse du journal, aurait « fondu un plomb » et enfumé la direction de l’hebdomadaire. Cet « accident industriel » aurait été imprévisible et la suppression rapide de l’article prouverait la rigueur et la bonne foi du journal, estime Étienne Gernelle.

Mediapart s’est toutefois plongé dans les archives du Point (propriété du milliardaire François Pinault). Et celles-ci montrent les très nombreuses informations erronées publiées par Aziz Zemouri mais aussi par d’autres journalistes de cette rédaction et presque jamais modifiées. Depuis plus de dix ans, l’hebdomadaire ne cesse de tordre la déontologie, en censurant également des articles.

En voici un petit florilège ici. (...)

Mardi 28 juin, le tribunal a estimé qu’un article d’Aziz Zemouri datant d’octobre 2018 avait diffamé Sand Van Roy, actrice qui accuse le réalisateur et producteur de « viol ». Sans vérifier, le journaliste y avait évoqué « une autre plainte pour viol qui date de plusieurs mois contre un individu non connu » que Sand Van Roy aurait déposée à Knokke-le-Zoute, en Belgique.

Or cette plainte n’a jamais existé. « Sortant d’ailleurs de la seule retranscription des propos de Luc Besson, le journaliste semble prendre fait et cause pour ce dernier », souligne le tribunal, selon lequel la base factuelle du journaliste dans cette histoire est tout simplement « inexistante ». (...)

La « vidéo porno » à la mairie d’Asnières n’a jamais existé

Le lundi 30 juin 2014, à 9 h 30, Le Point publie un nouveau scoop dont il a le secret, rapidement repris dans les plus grands titres de la presse nationale. « Un film porno tourné à la mairie d’Asnières ».

Le film en question a été filmé « dans le grand escalier » de l’hôtel de ville, « dans la salle des mariages », « dans celle du conseil ». Et même « dans l’espace Lucie-Aubrac, qui n’avait sans doute pas mérité ça… », précise l’hebdomadaire.

Problème : les images en question provenaient d’un montage. Et les « scènes torrides » décrites par le journal n’ont jamais été filmées en mairie.

Poursuivi par l’ancien maire PS d’Asnières, Sébastien Pietrasanta, Étienne Gernelle raconte sans rire devant le tribunal que l’article était en réalité à prendre au « second degré », avec un « ton délibérément humoristique ».

Le Point n’étant pas Le Gorafi, cette publication vaut deux condamnations à Étienne Gernelle. (...) À ce jour, l’article incriminé est toujours en ligne, sans modification (...)

La publication de cette fausse information n’a pour autant pas calmé les ardeurs du Point. Les mois suivants, la rédaction poursuit sa quête de « scoop » sur l’opposant d’Aeschlimann. Le 22 janvier 2015, le journal révèle sur son site internet que Sébastien Pietrasanta, alors rapporteur de la loi sur le terrorisme, « embauchait un proche de Coulibaly ». Il s’agissait d’un recrutement opéré en juillet 2010, soit près de cinq ans avant la prise d’otages de l’Hyper Cacher et le meurtre de la policière municipale de Montrouge.

« J’ai toujours eu le sentiment d’un acharnement personnel contre moi », dénonce aujourd’hui M. Pietrasanta, qui cite d’autres exemples. Je pense qu’il y a un problème systémique au sein de la rédaction du Point. » Sollicité, Jérôme Béglé n’a pas répondu à nos demandes d’entretien.

Des « commandements » pour les « Chinois de France »

Une autre condamnation a marqué les annales du journal : le 24 janvier 2014, le directeur Franz-Olivier Giesbert est déclaré coupable de « diffamation publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou nationalité chinoise » pour un article d’août 2012. (...)

Jean-Marie Le Pen candidat ? Encore un faux scoop (...)

Le témoignage d’une femme de polygame… qui n’existe pas (...)

Un article incriminant Cahuzac censuré (...)

D’autres censures dans l’affaire des financements libyens (...)

L’argent de Bygmalion pour Copé ? Le Point condamné (...)

Une « affaire des écoutes » dans laquelle il n’y pas une écoute (...)

Un papier visant BHL et Sarkozy supprimé sans explication (...)

L’identité d’une plaignante de Nicolas Hulot révélée sans son consentement (...)

Un article sur Matzneff expurgé de plusieurs passages (...)

Pas d’enquête « sérieuse » sur Rachida Dati (...)

Une fausse information sur l’urgentiste Patrick Pelloux (...)

Les « armes » étaient destinées à un exposé (...)

Des victimes de violences policières présentées à tort comme des « voleurs » (...)

Les travaux de la clim’ de Lallement n’ont jamais existé (...)

La « messe clandestine » était vide (...)

Un drôle de journaliste inconnu s’invite dans l’affaire Lamdaoui (...)