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Gilles Clément : « Jardiner, c’est résister »
Article mis en ligne le 21 avril 2014
dernière modification le 16 avril 2014

Depuis plus de quarante ans, Gilles Clément pense le paysage. Il aime avoir les mains dans la terre et travailler avec le vivant. Dans la Creuse, où il vit, à Versailles, où il enseigne, et partout ailleurs, puisque la planète est un jardin. Il porte la vision d’un monde où l’homme vivrait avec la nature et non pas contre.

(...) Les idées que j’ai proposées ne sont pas nouvelles. Je suis de la génération 68. A ce moment-là, on disait tout, notamment sur l’écologie. Mais il y a eu plus tard un contrecoup terrible, l’économie capitaliste et néolibérale a pris le dessus, avec Thatcher et Reagan. On a oublié les avancées de 68. Il y a eu une perte, un recul, mais moi, je n’ai pas perdu cette conscience, parce que j’avais un jardin. En 1977, je me suis installé dans la Creuse. J’ai gardé les mains dans la terre. Donc je continuais à faire des propositions, à parler de jardin et de plantes. J’étais un Ovni. (...)

Mon jardin et les voyages sont les deux sources d’enseignement pour moi. J’observe beaucoup ce qui se passe dans la nature, puis j’argumente. Je fais des constats, ce n’est pas idéologique. Je me rends compte que l’idée d’une maitrise de la nature par l’homme est illusoire et dangereuse. Il faut laisser faire, aller dans le sens des énergies en place, et non contre. C’est du « bon sens ». Il était presque fatal que j’arrive à ces conclusions, et j’étais presque choqué de ne pas avoir d’écho.

Le déclic est venu avec l’exposition de 1999 à la Villette, sur le Jardin planétaire. La Terre est un jardin, et tout ce que nous faisons, même individuellement, a un impact. Aujourd’hui, on enseigne certaines de mes idées. Je suis dans les programmes des BTS et même les fiches de révision du brevet des collèges ! C’est très agréable de voir qu’on n’a pas dit trop de bêtises, qu’on ne s’est pas trompé dans les directions qu’on voulait prendre. Mais ça arrive avec un retard sidéral. (...)