
Pour se nourrir à moindre frais à la campagne, éviter le gaspillage en ville ou pour le simple plaisir de trouver soi-même ses repas, le glanage et la cueillette reviennent au goût du jour. Glaneurs des marchés et glaneurs des champs réinventent ce droit d’usage, un peu tombé en désuétude.
D’autres font pousser des fruits et légumes en libre-service, dans leur jardin ou les espaces publics. Une véritable philosophie de vie, qui change notre rapport aux aliments, à la nature, à la gratuité et au partage. Devenir glaneur-cueilleur, partager sa nourriture : mode d’emploi. (...)
« Chaque année, quand la récolte des pommes de terre est terminée, je vois arriver les glaneurs. Il y a toujours des tubercules qui passent au travers des machines. Plutôt que de les laisser pourrir sur place, je laisse les gens les ramasser à la main. Ce n’est pas un manque à gagner, je vends de gros volumes. C’est plutôt l’occasion de discuter de mon métier », témoigne Éric Fallou, président de la Fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre et agriculteur en Eure-et-Loir. Il est l’un des rares à accepter de témoigner. Car le glanage, autrefois très répandu dans nos campagnes, est devenu tabou. Les agriculteurs sont attachés à la propriété privée. Et les glaneurs craignent d’être assimilés à des précaires. Ce qu’ils sont parfois, mais pas toujours. Glaner permet certes de réaliser des économies, mais aussi de limiter le gaspillage. C’est d’abord une philosophie de vie. Ce droit d’usage, un peu tombé en désuétude, reste à réinventer. (...)
L’association Ondine, spécialisée dans les circuits courts, tente de mettre en place un glanage organisé avec les producteurs bios des Monts du Lyonnais. « Le terme fait peur à la chambre d’Agriculture. Mais on va se lancer sans elle, car les producteurs sont partants, explique Michel Gontier, bénévole à Ondine. Nous allons créer une plateforme internet sur laquelle les paysans pourront indiquer les jours et les lieux de glanage. En bio, on pratique la rotation des cultures. On ne peut pas laisser traîner des patates ou des carottes si l’on veut mettre des épinards ou des blettes. Il faut assainir le sol en récoltant l’intégralité du champ. Le glanage, c’est du temps de gagné pour les agriculteurs ! » Si vous connaissez des maraîchers bios, proposez-leur donc vos services. (...)
Sur le chemin du retour, on croise du chénopode blanc, qui se consomme cru ou cuit comme les épinards, et de l’amarante réfléchie dont les graines se préparent comme le quinoa. « Ces deux plantes étaient cultivées dès le néolithique. Aujourd’hui, plus personne ne les connaît, révèle-t-il. On a importé beaucoup de variétés en oubliant ce qui poussait spontanément chez nous. Si l’on plante côte à côte du pissenlit et un pied de tomate, c’est le pissenlit qui pousse le mieux. Normal, la tomate vient des Andes… La nature est un véritable garde-manger pour celui qui sait s’y repérer. On peut même consommer la fameuse renouée du Japon, cette invasive que tout le monde arrache. Je propose des sorties botaniques dans la campagne au grand public. Je suis étonné de voir que personne ne cueille rien. C’est un savoir-faire oublié. » (...)