
Par sa position ultra-dominante, Google est devenu un agent économique aussi influent que l’Etat ; mais il agit de manière beaucoup plus irresponsable, avec son seul intérêt particulier en ligne directrice. En témoigne la dernière mise à jour de l’algorithme de son moteur de recherche, qui impacte plus d’un tiers des pages de résultats dont dépendent un très grand nombre d’entreprises. (...)
Des milliers de sites parfaitement légitimes ont été sanctionnés, le plus souvent sans qu’ils y trouvent la moindre explication rationnelle. Du jour au lendemain, des sites qui étaient bien classés dans les résultats de recherches liées à leur activité se retrouvent amputés de plus de la moitié de leur trafic, les conduisant inévitablement à la faillite. Il suffit de lire les témoignages parfois bouleversants publiés sur le forum officiel de Google ou sur des sites spécialisés comme WebmasterWorld pour comprendre que les modifications des formules mathématiques effectuées par Google affectent avant tout des hommes, qui ont parfois passé des années à construire une activité qui se retrouve ruinée en quelques heures. Par l’effet d’une simple modification de l’algorithme de Google, des chefs d’entreprise se retrouvent obligés de convoquer un à un chacun de leurs salariés pour leur expliquer qu’il vont devoir les mettre au chômage. Eux-mêmes n’ont parfois plus les ressources pour payer leurs emprunts et se retrouvent démunis. En France, ils ne touchent pas les Assedic. (...)
La dépendance à Google n’est jamais voulue. Elle est subie. Sauf à pouvoir investir un budget publicitaire phénoménal, ou à avoir une activité parfaitement adaptable sur les réseaux sociaux, dès lors qu’une entreprise crée son activité en ligne, elle est de fait dépendante du moteur de recherche ultra-dominant.
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Jamais personne dans l’Histoire n’a jamais eu autant d’influence sur tout un secteur de l’économie, avec un droit de vie ou de mort sur les entreprises qui l’animent. (...)
Sans doute Google pourrait-il agir avec plus de responsabilité, en ne déployant ses nouveaux algorithmes que progressivement, ou en effectuant des simulations qui permettent aux webmasters de connaître à l’avance l’impact attendu par les modifications. Mais il ne le fera pas parce qu’il n’en a ni l’intérêt, ni la contrainte. La petite start-up créée dans un garage de Mountain View est devenue un monstre sans foi ni loi dont on se demande ce qui pourra arrêter sa capacité de nuisance. Laquelle s’exprime, aussi, par la manière avec laquelle Google est en train d’imposer Google+ en jouant sur la peur des entreprises d’être déclassées. (...)