Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
Grève générale sans précédent pour les femmes en Espagne
Article mis en ligne le 9 mars 2018

Manifestations, grève du métro et des trains, piquets devant les grands magasins, présentatrices-vedettes absentes des médias : l’Espagne s’est mobilisée pour les droits des femmes jeudi, avec une grève générale « féministe » sans précédent dans le pays.

L’appel de syndicats et d’organisations féministes, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, a pour but de défendre l’égalité salariale, de dénoncer le harcèlement ou la violence faite aux femmes.

La mobilisation a démarré mercredi à minuit par des concerts de casseroles dans le centre de Madrid. Jeudi soir, des manifestations massives ont parcouru la capitale espagnole ainsi que Barcelone, où quelque 200.000 personnes, selon la police, ont défilé aux cris de « vive la lutte féministe ».

« Ce qui se passe aujourd’hui doit être un point de départ pour changer les choses », a dit à l’AFP Maria Angels Pina, une enseignante de 60 ans, pendant la manifestation barcelonaise.

Les deux principaux syndicats espagnols, UGT et CCOO, avaient appelé à un arrêt de travail de deux heures, observé selon leurs estimations par 5,9 millions de personnes à travers le pays. Dix autres syndicats avaient appelé à une grève toute la journée, inspirée d’un mouvement similaire en Islande en 1975.

La radio la plus écoutée par les Espagnols, la Cadena Ser, avait perdu ses voix féminines. Les stars des émissions matinales de télévision étaient aux abonnés absents. Et les femmes journalistes désertaient la rédaction du premier quotidien espagnol, El Pais.

Près de 300 trains ont été annulés et des rassemblements se sont formés dans une multitude de villes pendant l’arrêt de travail à la mi-journée. (...)

L’Espagne est cependant pionnière dans la lutte contre les violences faites aux femmes, s’étant dotée dès 2004 d’une loi spécifique, présentée comme un « modèle » par le Conseil de l’Europe.

En Espagne, les femmes sont payées en moyenne 14,2% de moins que les hommes, un peu mieux que la moyenne européenne (16,2%) selon Eurostat.

Mais des débats passionnés s’y tiennent depuis des semaines, alimentés notamment par les déclarations de deux femmes ministres en faveur d’une « grève du zèle », qui a scandalisé la gauche. (...)

La présidente conservatrice du Congrès des députés Ana Pastor a aussi défendu le droit de grève : « Il y a des hommes qui continuent à penser que les femmes étendent mieux le linge », disait-elle jeudi.

La numéro deux du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria a assuré qu’il restait « encore bien des choses à changer, car même les vice-présidentes du gouvernement doivent subir des comportements machistes inacceptables ».

Le mouvement est aussi suivi par des actrices célèbres comme Penelope Cruz ou Rossy de Palma, égéries du cinéaste Pedro Almodovar qui de film en film a rendu hommage aux femmes espagnoles.

Penelope Cruz a annulé sa participation à divers événements et annoncé qu’elle laisserait son compagnon, l’acteur Javier Bardem, s’occuper de leurs enfants.

« Si les femmes baissaient les bras, le ciel nous tomberait sur la tête », a écrit Rossy de Palma sur Instagram.