
D’aucuns prétendent que Macron et son administration n’aiment pas les pauvres.
C’est totalement faux !
J’en tiens pour preuve la constance avec laquelle l’équipe gouvernementale n’a eu de cesse d’en créer toujours plus, n’épargnant aucun effort pour agrandir au pas de charge le bataillon de surnuméraires sommés de passer d’une vie modeste à un mode "survie précaire perpétuelle" et sans espoir d’amélioration aucune.
La fabrique de la pauvreté
Et cette politique inlassable a enfin commencé à porter ses fruits. (...)
Ne doutons pas qu’il s’agit là essentiellement des premiers frémissements des effets observables de la politique très cohérente de l’administration Macron qui n’a jamais fait autre chose que le Robin des bois à l’envers, à savoir : "prendre aux pauvres pour donner aux riches". Car les dernières mesures en date ne donneront leurs pleins effets que dans plusieurs mois, voire plusieurs années, comme, par exemple, la réforme de l’assurance chômage qui va énergiquement peupler les rangs de ceux qui vont gratter à la porte du RSA pour tenter de survivre surnager ne pas couler trop vite dans la misère. (...)
Cela dit, le gaillard est modeste et ne souhaite pas que ses mérites dans cette politique de valorisation de la pauvreté s’éventent trop tôt et que son rôle reconnu dans cette inflation de l’impécuniosité lui amène trop de louanges précoces qui blesseraient sa profonde humilité.
Quelques jours à peine après la « journée mondiale de lutte contre la pauvreté » célébrée chaque année le 17 octobre, le gouvernement envisage de supprimer l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes). Un tel symbole ne pouvait passer inaperçu.
Pourquoi supprimer l’Observatoire national de la pauvreté ?, Libération, 21 octobre 2019
Il est d’autant plus urgent de casser le thermomètre que la réforme de l’assurance chômage qui va entrer en vigueur dans quelques jours va rapidement monter en puissance et transférer un nombre toujours plus important de travailleurs précaires vers les ultimes filets de la solidarité, c’est-à-dire en situation de pauvreté de plus en plus intense et chronique, même en travaillant. De la même manière, les attaques successives contre le régime des retraites n’ont pas tant pour objectif de faire travailler les gens plus longtemps, mais bien de réduire drastiquement le montant des pensions à servir, ce qui laisse entrevoir une explosion prochaine de la pauvreté des personnes âgées.
Pauvreté du plan
La pauvreté est au centre des préoccupations de l’administration Macron. Comme je l’avais rapporté ici, dès le printemps 2018, le gouvernement organisait un gigantesque apéro d’opinions de comptoir sur la question. Et dès l’automne, prestement, il nous pondait la solution.
Taxé de « président des riches » par l’opposition depuis le début de son quinquennat et perçu comme tel par une partie de l’opinion, Emmanuel Macron a dévoilé le 13 septembre 2018 sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Trois mois après la polémique suscitée par ses propos sur « le pognon de dingue » que couteraient les aides sociales sans permettre de sortir ses bénéficiaires de la pauvreté, le chef de l’État a mis l’accent sur la petite enfance, l’accompagnement des jeunes et la simplification du système social.
Tour d’horizon des principales mesures de ce plan, chiffré à 8,5 milliards d’euros sur quatre ans. (...)
on peut aussi s’interroger sur l’affectation réelle et concrète de ces crédits, arrachés aux pauvres pour aider les pauvres, sachant que pour l’instant, le gouvernement a essentiellement aggravé le problème et cassé le thermomètre qui permettait de s’en apercevoir. Parce que l’argent du plan divisé par le nouveau nombre de pauvres, cela fait 228,50 €… par an et par pauvre, soit 19 €/mois. Comparaison n’est pas raison, mais la suppression de l’ISF a rapporté 6500 €/an en moyenne aux plus riches, avec un cout pour les finances publiques de 4,5 mds d’euros par an… pour l’instant.
Et selon le (déjà) bon vieux modèle du « en même temps » des marcheurs aux manettes, alors que l’on confisque d’une main aux pauvres ce que l’on fait mine de leur donner de l’autre, en même temps, donc, que l’on fabrique des pauvres en alourdissant encore le poids exorbitant du logement sur leur budget contraint, on se dépêche d’aider les nantis… en insistant avec une profonde indécence sur l’inflation immobilière dans les logements de fonction. (...)
La chasse aux pauvres est ouverte toute l’année
19 balles d’euros, ça parait un peu court pour sortir qui que ce soit de la pauvreté. Mais comme pour la plupart des innombrables plans qui se succèdent depuis des décennies pour soi-disant aider les populations démunies ou les quartiers abandonnés de tous, l’argent si chichement distribué depuis le sommet de la pyramide s’évapore mystérieusement bien avant d’avoir pu ruisseler ne serait-ce que sous forme de rosée matinale. (...)
Faire du travail la seule sortie du RSA ne manque pas d’ironie, alors que dans les files d’attente de plus en plus interminables du sacrosaint emploi salvateur qui protègerait de tout, sauf, justement, de la pauvreté comme en témoigne le succès grandissant de la Prime d’activité, poireautent déjà 6 millions de chômeurs, sans compter la masse en voie de densification des vieillards chenus qui vont quand même avoir besoin d’arrondir des fins de mois indignes.
On se demande donc à quel genre d’accompagnement vont bien avoir le droit les naufragés de la grande compétition permanente de tous contre tous. (...)
les contrats, dans la start-up nation, c’est un peu comme les promesses, les discours, les slogans, les publicités ou les éléments de langage gouvernementaux : ils n’engagent que les couillons qui ont la faiblesse d’y croire. Et la loi, elle est surtout du côté de ceux qui l’écrivent, l’imposent et la contournent à discrétion, comme en témoigne cette édifiante histoire de détournement du CER par un département en pilote automatique.
Plusieurs Conseils départementaux en France agissent comme s’ils avaient le pouvoir d’imposer unilatéralement des « contrats d’engagements réciproques ».
Or, légalement, ce contrat doit être « librement débattu ». (...)
Ces pratiques illégales mettent aujourd’hui nombre d’artistes-auteurs dans des situations intenables. (...)
depuis son accession au pouvoir, l’administration Macron a été essentiellement occupée à transférer les ressources des classes moyennes et populaires pour les redistribuer sans aucune espèce de conditionnalité à ceux qui ont déjà trop, mais n’en ont jamais assez.
Avec un peu de recul, on pourrait même dire que la feuille de route de l’administration Macron se limite à la mise en place et à l’intensification d’une phase d’accumulation (...)
Le ruissèlement fonctionne très bien dans ce pays (et les autres), c’est juste que personne n’avait précisé que l’argent a tendance à remonter le courant capitaliste comme le saumon à l’heure de la reproduction.