
L’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants extra-européens à la rentrée 2019, annoncée par le gouvernement le suscite une vive réaction chez les étudiants et les enseignants. Au Sénégal, nombre d’étudiants étrangers ne pourront pas faire face à cette hausse. Entre déception, colère et incompréhension, ils critiquent ce qu’ils voient comme une volonté d’écarter les étudiants modestes venant de certains pays.
« Vraiment je veux que votre ministre sache que, dans le monde, il y a des pauvres qui veulent réussir dignement et honnêtement. » Khoudia, 23 ans, est en colère et n’a pas hésité à témoigner depuis le Sénégal où elle est étudiante en troisième année dans le département de langues étrangères (LEA) à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Elle espérait poursuivre ses études en France. Mais avec l’annonce de la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers non-européens, elle s’interroge désormais sur son avenir. Elle veut que sa voix soit entendue par le Premier ministre français. « Cette augmentation des frais d’inscription qui nous cible, nous les étudiants étrangers qui voulons poursuivre nos études en France, me met en colère. Je trouve cela hallucinant. »
Cette augmentation exclut les étrangers les plus précaires que le gouvernement français ne veut visiblement plus voir étudier dans ses universités
Elle n’est pas la seule : le choc est tout aussi difficile à encaisser pour nombre d’étudiants sénégalais qui souhaitaient franchir les frontières et venir en France poursuivre leurs études, comme l’ont fait bien des promotions avant eux
À partir de la rentrée prochaine, leurs frais d’inscription seront multipliés par 10 ou 16 selon le diplôme, passant à 2770 euros en licence et à 3770 en master et en doctorat. Des sommes faramineuses dans le pays où le salaire moyen se situe entre 200 et 300 euros par mois, d’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal. (...)
Cette augmentation des frais d’inscription pour la rentrée 2019 mènera à exclure les étudiants étrangers les plus précaires, que le gouvernement ne veut visiblement plus voir étudier dans les universités françaises. Pour certains, c’est comme un acte raciste. (...)
Si cette annonce est jugée nécessaire par le gouvernement, aujourd’hui, en France, nombre d’étudiants et de membres du corps éducatif pensent que l’accueil des étudiants étrangers est nécessaire pour garantir l’accès de tous les étudiants à une formation de qualité, et fait également beaucoup pour le rayonnement de l’enseignement supérieur français dans le monde.