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L’Humanité
Hausse en trompe-l’œil de l’allocation adulte handicapé
Article mis en ligne le 10 novembre 2017

Promesse phare d’Emmanuel Macron, la revalorisation de cette prestation est ternie par une multitude de petites mesures d’économies glissées dans le projet de budget 2018 en discussion à l’Assemblée nationale. Les associations disent leur « colère ».

(...) L’AAH passera bien comme promis à 900 euros, mais en deux ans : 860 euros le 1er novembre 2018, et 900 un an plus tard, fin 2019. « Il faut tenir compte des contraintes budgétaires », avait déjà justifié le premier ministre, sans s’étendre sur les petites surprises qu’allaient encore préparer les services de Bercy pour alléger la facture. « Ces mesures discrètes, on a commencé à les découvrir dans le dossier de presse du comité interministériel, témoigne, amer, Arnaud de Broca, le secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath). Au-delà du fond, c’est aussi la manière qui nous a mis en colère : il n’y a eu aucune concertation, et encore moins de coconstruction sur ce sujet. »

« Le gouvernement va prendre d’une main ce qu’il donne de l’autre »

Ces mauvaises surprises, quelles sont-elles ? D’abord, les couples bénéficiant de l’AAH ne verront pas leur modeste pécule progresser. Le gouvernement a choisi de rapprocher les règles d’attribution de cette allocation de celles pratiquées pour les autres minima sociaux, moins favorables, comme le RSA. Si deux bénéficiaires de l’AAH vivent en couple, ils ne pourront pas espérer plus de 1 620 euros par mois, soit quasiment le même montant qu’aujourd’hui. Difficile de parler de « revalorisation » pour les 76 000 personnes concernées… « Le gouvernement va prendre d’une main ce qu’il donne de l’autre », résume la Fnath.

Une logique qui transparaît aussi dans la réforme des deux compléments de ressources à l’AAH. Actuellement, la « majoration pour vie autonome » (104 euros) est accordée aux personnes en situation de handicap qui vivent dans un logement indépendant et, de fait, prennent en charge elles-mêmes les dépenses que cela implique. Le « complément de ressources » (179 euros) bénéficie, lui, à celles qui ne peuvent absolument pas travailler (incapacité de 95 % et plus). Le gouvernement a décidé de fusionner ces deux dispositifs en s’alignant sur le moins généreux des deux, celui à 104 euros… Résultat : selon les calculs des associations, sur les 65 000 personnes touchant ces compléments, certains verront au mieux leur revenu progresser de 15 euros par mois, revalorisation comprise, quand d’autres constateront qu’il diminue de 90 euros ! De quoi voir d’un mauvais œil la gigantesque ristourne offerte, séance tenante, par le gouvernement Philippe aux « premiers de cordée » de l’ISF… (...)