
À un an des élections au Parlement européen, la droite européenne apparaît à la fois certaine de son succès et inquiète pour son avenir. D’une part, les forces conservatrices et nationalistes bénéficient à ce stade d’une dynamique favorable indéniable. S’ils parviennent à accroître seulement légèrement leur part de voix globale, les trois groupes politiques allant du centre-droit à l’extrême droite pourraient obtenir à eux seuls une majorité parlementaire, ce qui serait du jamais vu dans l’histoire de l’Union. Dans le même temps, cependant, la perspective d’une union des droites fait naître des doutes existentiels chez une partie des modérés, hostiles à une telle alliance pour des raisons idéologiques ou tactiques. L’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération de leaders néo-nationalistes1 complique encore l’équation, en déplaçant les équilibres politiques aux dépens du centre comme de l’extrême droite traditionnelle.
Au vu des récents développements en Italie, en Suède et dernièrement en Finlande, qui ont vu de larges coalitions impliquant l’extrême droite accéder au pouvoir, la question d’une alliance similaire au niveau européen se pose. (...)
Verra-t-on émerger, à la faveur des alliances qui suivront l’élection, une grande coopération structurée entre nationalistes et illibéraux au niveau continental ? À la faveur de l’évolution des rapports de force à droite, l’Europe s’achemine-t-elle vers une tripartition de l’espace politique européen à la manière de la France contemporaine, vers un compromis au centre « à l’allemande », ou vers une normalisation des relations entre les nationalistes et le centre sur le modèle italien ?
Les tendances clefs de l’évolution de la droite
La législature qui s’achève a vu la droite européenne être confrontée à trois tendances fortes : une rupture du cordon sanitaire entre le centre et la droite ; un renforcement de l’influence des nationaux-conservateurs ; et une crise du centrisme. (...)
À l’échelle européenne, il semble que le cordon sanitaire soit actuellement en déclin. Au cours des dernières années, les tendances politiques à l’œuvre dans plusieurs pays européens ont en effet montré que les partis politiques du centre sont de plus en plus enclins à collaborer, voire à gouverner, avec des forces d’extrême droite. (...)