
Aux autorités hongroises
Madame, Monsieur,
Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes quant au sort d’Ahmed H., condamné à 7 ans d’emprisonnement pour avoir tenté d’aider sa famille à trouver refuge.
Ahmed a quitté son foyer, à Chypre, pour aider ses parents et six autres membres de sa famille à fuir la Syrie. Un mois plus tard, ils se sont trouvés, comme des centaines de réfugiés, bloqués à la frontière serbo-hongroise après sa fermeture par la police. Des heurts ont éclaté lorsque des réfugiés ont tenté de passer. La police hongroise a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau, blessant de nombreuses personnes.
Des séquences filmées par les médias à l’époque montrent Ahmed en train d’utiliser un mégaphone appelant les réfugiés et les policiers au calme, mais lorsque les affrontements se sont intensifiés, certains ont jeté des pierres, dont Ahmed.
Accusés « d’entrée illégale » et de participation à une « émeute », ils ont été plusieurs à être arrêtés. Ahmed a lui aussi été arrêté puis relâché. Il a ensuite été soumis à une arrestation violente à Budapest et emmené. La police hongroise a utilisé la découverte des passeports de sa famille, retrouvés dans son sac, pour le dépeindre comme un « terroriste ». Il a été reconnu coupable de « complicité d’acte terroriste » au titre de la législation hongroise relative à la lutte contre le terrorisme et d’« entrée illégale sur le territoire dans le cadre d’une émeute », et condamné à sept ans d’emprisonnement suivis d’une expulsion avec interdiction de revenir en Hongrie pendant 10 ans.
Ahmed est toujours incarcéré, séparé de sa femme et de ses filles. Il attend que son appel soit examiné, dans l’espoir de pouvoir les rejoindre à Chypre.
Par conséquent, je vous appelle à user de tous les moyens possibles pour :
– libérer Ahmed H. et mettre fin à l’utilisation abusive des lois antiterroristes ;
– arrêter de faire des déclarations qui établissent un lien entre les migrations et le terrorisme, car cela risque d’influencer les poursuites engagées contre Ahmed ;
– coordonner des actions pour garantir son retour rapide à Chypre dès la fin de sa procédure d’appel.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma haute considération.