
En chemin vers le rendez vous chaque été renouvelé du festival du Périgord Noir, empruntant les routes délicieuses et ombragées qui longent la rive droite de l’Isle, je goûte à l’émotion de ces villages traversés qui s’accrochent non sans mal à la vie. A ces images d’élevage de coteaux qui, hélas, se font de plus en plus rares tant il faut de courage à ces exploitants en difficulté pour maintenir une agriculture affrontée à la vive concurrence d’une autre agriculture à grande échelle. Une manière d’agro-industrie où les fonds de pension font souvent une entrée fracassante et n’ont pas de problèmes, eux, pour acquérir des terres sans espoir de succession. Et ne soucient guère de cette belle mission, non écrite mais si précieuse de gardienne des paysages, celle que notre agriculture de proximité assume encore, là où elle tient le coup économiquement.
Et je pense à ces jeunes, rencontrés ces derniers mois et semaines, qui souvent venus d’ailleurs, font le choix audacieux mais résolu d’embrasser l’agriculture et, se faisant, de faire plus que produire, d’aller à la rencontre de la société, de ses attentes d’authenticité, de partage, et donc de multiples saveurs. Ils ne craignent pas de vous dire : " Je ne vais pas pouvoir me sortir un salaire avant deux ans mais je sais que j’y arriverai." Je pense à eux, à Laura et Clément par exemple et j’ai envie de pousser un grand coup de gueule.
Oui, coup de gueule, en ces jours où l’action politique au plus haut niveau semble trop souvent se résumer à la recherche obstinée des économies budgétaires. A ces coupes sombres dans les crédits de la politique de la ville, ou au tour de visse aux dotations qui vont amputer les aides aux associations, celles justement qui souvent dans les périmètres ruraux tissent encore les liens indispensables au maintien d’une vie sociale élémentaire pour que résistent les territoires éloignés. Des économies, certes il faut en rechercher, mais encore faudrait-il avoir assez de courage pour mettre à plat des fonctionnements dispendieux et des crédits redondants, dont l’éfficacité est si souvent douteuse. (...)