
La démocratie n’est-elle pas un mythe, une sorte de concept dont la prononciation semble doter celui qui parle de pouvoirs invocatoires magiques ? La démocratie n’est-elle pas un concept vide, ne désignant qu’une méthode parmi d’autres permettant de doter les nations d’un gouvernement ?
Quelques dinosaures rousseauistes croient encore au gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Mais la volonté générale reste introuvable et finalement, la démocratie n’existe pas pour la bonne raison qu’il n’y a pas de peuple, sauf dans l’esprit des historiens du 19ème siècle. Les pays modernes sont fait d’une société, de gens, d’un Etat, d’un gouvernement, de structures administratives, de services publics et d’industries diverses. Vous pouvez toujours chercher le peuple que vous ne le trouverez point en tant qu’entité consubstantielle à un pays car le peuple est toujours divisé et se manifeste parfois lors de mécontentements populaires. Et c’est là tout l’intérêt de la démocratie que de permettre à un peuple qui n’existe pas de se débarrasser d’un dirigeant devenu impopulaire. (...)
Finalement, la démocratie ne garantit pas le progrès mais elle le permet à condition que les gouvernants et les citoyens se soucient de l’intérêt public et que l’intelligence puisse déterminer le bien public et mettre en œuvre les mécanismes politiques, techniques et sociaux pour le faire advenir. (...)
La démocratie ne consiste pas à se contenter de déposer un bulletin dans l’urne mais à s’exprimer, se faire entendre, donner son avis, afin de limiter les moyens placés sur des investissements publics inutiles et faire naître des projets, petits ou grands. (...)
Pour qu’une démocratie apporte le progrès, il faut que chaque citoyen se soucie du bien public et songe à s’améliorer, s’instruire, se comporter avec vergogne et mesure. Finalement, rien de neuf depuis Aristote. Le bien de la cité passe par le bien en l’homme et réciproquement. Après, il faut surtout saisir le cours personnel de chaque existence, dont la dignité est peut-être supérieure à celle de la cité ou l’Etat. La démocratie crée les conditions du bonheur et l’individu réalise son bonheur. Voilà pourquoi il ne faut pas croire en la démocratie mais l’inventer et s’inventer soi-même aussi. La démocratie vit quand les gens se parlent. La preuve en étant donné par l’absurde. Dans une dictature, les gens se taisent, ou du moins on les fait taire.