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Inégalités : pourquoi les 1% les plus riches du monde sont un problème selon Oxfam
Article mis en ligne le 8 décembre 2021
dernière modification le 7 décembre 2021

Aujourd’hui, les 1% les plus riches de la planète possèdent près de la moitié des richesses mondiales. Cette répartition inégale des richesses est un problème car elle a pour conséquence d’enfermer des millions de personnes dans la pauvreté et de fracturer nos sociétés. L’accaparement des richesses par le « club des 1% » a aussi des impacts très importants sur le climat et sur les droits des femmes. Les milliardaires sont plus nombreux et plus riches alors que dans le même temps, une grande pauvreté persiste. Oxfam se bat contre cette injustice en produisant des rapports de recherche et en interpellant les responsables politiques pour leur demander d’agir pour combattre les inégalités qui ne sont en rien une fatalité.

Les 1 % les plus riches du monde s’accaparent les richesses de la planète

La planète produit de plus en plus de richesses et pourtant celles-ci sont concentrées entre les mains d’une poignée de personnes extrêmement privilégiées. Le Crédit suisse produit chaque année un rapport qui calcule la richesse cumulée des 1% les plus riches du monde, mais aussi des 5% les plus riches et des 10% les plus riches. Depuis 20 ans la tendance reste la même : les 1% les plus riches possèdent près de la moitié des richesses totales mondiales.

C’est sur ces données qu’Oxfam s’appuie pour produire ses rapports annuels sur les inégalités mondiales, publiés lors du Forum économique mondial de Davos au mois de janvier.

Qui sont les 1% les plus riches ?

C’est quoi être riche ? Bien gagner sa vie ? Avoir une maison de luxe ? Un yatch ? Il existe plusieurs manières de regarder la richesse, en fonction de ce que l’on possède (le patrimoine) ou de ce que l’on gagne (les revenus). (...)

Des milliardaires de plus en plus nombreux et de plus en plus riches

Le nombre de milliardaires a été multiplié par 5 en 20 ans (538 en 2001 ; 2775 en 2021).

Malgré une crise mondiale, la planète compte toujours plus de milliardaires et la pandémie ne les empêche pas de continuer à prospérer. Oxfam a révélé en janvier 2021 que les 1 000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie.

Pour se rendre compte du niveau astronomique et indécent de ces richesses, voici quelques chiffres :

  • Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde aurait pu avec les bénéfices qu’il a réalisés pendant la crise, verser une prime 105 000 dollars aux 876 000 personnes employées par Amazon dans le monde, y compris les quelques 10.000 salariés en France, tout en restant aussi riche qu’il l’était avant la pandémie de coronavirus.
  • Si quelqu’un avait pu économiser l’équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille (14 juillet 1789), il n’arriverait aujourd’hui qu’à 1 % de la fortune de Bernard Arnault.
  • Depuis mars 2020, les milliardaires français ont gagné 170 milliards d’euros, soit deux fois le budget de l’hôpital public.(...)

Néanmoins deux tendances sont très inquiétantes :

  • Depuis 2013, le rythme de la réduction de la pauvreté ralentit, ce qui est inédit.
  • Près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 5,5 dollars par jour. Il suffit donc d’une mauvaise récolte ou d’une facture de soins médicaux, ou d’une pandémie, pour que ces personnes retombent dans l’extrême pauvreté. (...)

La France n’est pas épargnée par cette répartition inégale des richesses

La France traverse aussi une crise des inégalités. Entre mars 2020 et avril 2021, les milliardaires français ont vu leur richesse augmenter de près de 40%.

La France compte aujourd’hui 42 milliardaires, c’est 4 fois plus qu’après la crise financière de 2008. Leur richesse cumulée s’élève à 510 milliards de dollars, soit 8 fois plus qu’après cette même crise. Plus de la moitié de ces milliardaires ont hérité de leur fortune, et seulement 5 sont des femmes.

Dans le même temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020 selon les associations caritatives. La France dépasserait alors les 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (elles étaient 9,3 millions avant la pandémie). L’INSEE ne pourra mesurer ce chiffre qu’en 2022 mais selon plusieurs expert-e-s, il pourrait être bien plus élevé. (...)

La pauvreté est sexiste. Les femmes et les filles constituent la majorité des pauvres à l’échelle mondiale, (...)

Un modèle économique défaillant

Lorsque 1% de la population s’accaparent la moitié des richesses mondiales cela a des conséquences durables sur l’économie, la société et même sur la planète. Oxfam n’est pas contre la richesse mais contre un système économique qui aggrave les inégalités, qui enferme des millions de personnes dans la pauvreté et qui détruit la planète.

Des trappes à pauvreté

Il faut à tout prix sortir du mythe du ruissellement selon lequel l’enrichissement des milliardaires favoriserait celui des populations moins riches. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : aujourd’hui, alors que les milliardaires n’ont jamais été aussi nombreux et aussi riches, près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 5,5 dollars par jour.

Les inégalités extrêmes créent donc des trappes à pauvreté où des millions de personnes restent aujourd’hui enfermées. D’après la Banque mondiale, si nous ne parvenons pas à combler le fossé entre riches et pauvres, nous ne pourrons pas mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et 200 millions de personnes continueront à cette date à subsister avec 1,90 dollar par jour. (...)

Un enrichissement qui se fait au détriment du climat ?

Les plus riches sont aussi celles et ceux qui polluent le plus. Il y a un lien très fort entre inégalités de richesse et inégalités d’émissions de CO2. (...)

Cette situation est doublement injuste car les personnes les plus pauvres, qui contribuent le moins au réchauffement climatique, sont pourtant celles qui en sont le plus victimes car elles ont moins de ressources pour s’adapter et sont donc les plus touchées par les conséquences du réchauffement climatiques (inondations, sècheresses, feux, crues, tempêtes, hausse des prix alimentaires, etc.). Sans oublier les générations futures qui hériteront d’un budget carbone épuisé et d’un climat encore plus dévastateur.

Une inégale répartition des richesses entre les femmes et les hommes (...)

Les 1% les plus riches sont dans leur grande majorité des hommes blancs. Dans le même temps ce sont les femmes et les filles qui sont les plus touchées par la pauvreté ou menacées par les impacts d’une crise économique ou d’une catastrophe climatique.

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus universelles et les plus structurantes de nos sociétés. A l’échelle de la planète, les hommes détiennent en moyenne 50 % de richesses en plus que les femmes. C’est le résultat d’un système économique injuste et sexiste qui cantonne les femmes dans des pans de l’économie les plus dévalorisés et les plus précaires : économie informelle, contrats court, temps partiel subi, sur-représentation dans les métiers du soin qui sont très mal rémunérés, discriminations au travail… des millions de femmes se retrouvent enfermées dans la pauvreté, avec peu de perspective d’en sortir. (...)

Des sociétés qui se fracturent sur le mur des inégalités

Les inégalités nuisent à tous les individus. Elles freinent la lutte contre la pauvreté, sont mauvaises pour la croissance et creusent les fractures sociales. Ces dernières années, une vingtaine de pays ont connu des mouvements de révoltes pour dénoncer l’accaparement des richesses et des pouvoirs et la pauvreté qui en découlent : en Colombie, au Chili, au Liban, en Equateur, au Soudan, en Algérie… En France le mouvement des Gilets Jaunes est une réaction à des décisions politiques qui creusent les inégalités (réforme fiscale, taxe carbone injuste, suppression des APL…). La lutte contre les inégalités est aussi un enjeu démocratique.

Pour l’épidémiologiste Richard Wilkinson, une société inégalitaire est une société malade. Il a démontré une nette corrélation entre le niveau d’inégalité d’une société et ses troubles et dysfonctionnements : le taux d’emprisonnement, la mortalité infantile, les maladies mentales, l’obésité, la consommation de drogue, le nombre d’homicides. Les inégalités n’affectent pas que les pauvres : même la santé des plus aisés est plus fragile dans une société inégalitaire.

Il est possible de sortir de cet accaparement par les 1%

Les inégalités ne sont pas une fatalité (...)

L’accaparement des richesses par les 1% les plus riches du monde n’a rien de naturel mais c’est le résultat de choix politiques et économiques. Aujourd’hui, même le Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale alertent sur le niveau très préoccupant des inégalités mondiales et appellent les gouvernements à prendre des mesures pour les réduire, comme par exemple taxer davantage les très hauts revenus ou les entreprises qui se sont enrichies pendant la crise du Covid.

Selon Kristina Georgieva, directrice générale du FMI, « l’impact sera profond (…) avec des inégalités croissantes provoquant des bouleversements sociaux et économiques. »

Les solutions portées par Oxfam

Il est non seulement possible mais vital de s’attaquer aux inégalités. Oxfam porte plusieurs demandes auprès des responsables politiques pour changer de modèle économique : la solution se trouve dans un modèle permettant d’assurer les besoins de base (santé, éducation, alimentation, protection sociale) des personnes tout en respectant les limites planétaires.

Le financement de ce modèle passera par une fiscalité plus juste, qui met à contribution les personnes très fortunées, celles qui se sont enrichies pendant la crise, et aussi les grandes entreprises dont les pratiques d’évasion fiscale doivent cesser.