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Japon : les « intouchables » de Fukushima
Article mis en ligne le 22 avril 2011
dernière modification le 16 avril 2011

Considérée au temps du japon féodal comme une minorité d’intouchables employés dans les métiers impurs, la communauté burakumin compte près de 3 millions de personnes. Si toute discrimination officielle a disparu, des discriminations sociales, familiales ou professionnelles subsistent. Les sous-traitants de l’industrie nucléaire ont largement employé des burakumin pour les tâches les plus exposées à la radio-activité. Une pratique qui semble perdurer à Fukushima.

Ce sont les héros irradiés de Fukushima baptisés les « Fukushima 50 » par la presse internationale. Les 50 liquidateurs kamikazes restés sur le site le 15 mars 2011, le jour où l’incendie dans l’unité 4 a forcé à l’évacuation des travailleurs de la centrale. (...)

Ils sont en fait plus de 700, selon des révélations récentes du Asahi Shimbun, le plus grand quotidien japonais, engagés dans une bataille quotidienne contre un « ennemi invisible ».
« Immédiatement après le séisme du 11 mars, le nombre d’employés de Tepco et de ses sous-traitants, Toshiba et Hitachi sur le site de Fukushima s’est élevé à plus de 700 personnes » travaillant dans des groupes de « secours », « information », « service médical » et « sécurité ». Ils se relaient par groupe de 50 travaillant sur le site pendant 2 jours avant d’aller subir des tests à l’Institut de radiologie de Tokyo. Combien sont ils vraiment ? Sont ils protégés ? Payés ? D’après un recoupement disponible sur wikipedia, plus de 1800 personnes (fourchette basse) auraient travaillé sur le site depuis le 15 mars, si l’on compte toutes les filiales, sous-traitants, pompiers et techniciens etc.

Derrière les louanges à ces intrépides, une autre réalité, la face cachée de la société japonaise : les burakumin, assimilables aux « intouchables » en Inde, des marginaux, condamnés depuis la nuit des temps à exercer des métiers dégradants.
Et à Fukushima, les agences de travail temporaire avouent avoir de plus en plus de peine à recruter des ouvriers qui acceptent d’aller travailler dans la centrale nucléaire.(...)

Trop dangereux, trop exposé. Résultat, des travailleurs sans formation, itinérants réalisent l’essentiel des travaux dangereux –mais essentiels- dans les centrales. « C’est la face cachée de l’industrie nucléaire » déclare au New-York Times, un militant de l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur d’activités. Parmi eux, des burakumins.
Associés à la misère, au chômage, et à la criminalité, ils exécutent les tâches que personne ne souhaite faire. (...)

Des travailleurs forcés à travailler au plus près du cœur des réacteurs à des chaleurs supérieures à 40°c, obligés à se rendre sur les lieux au moment des accidents, contraints à éponger l’eau radioactive avec des serviettes, condamnés à effectuer des travaux de nettoyage, sans protections ni conscience des risques.(...)

« Il est terrible de constater que le seul pays qui ait connu une attaque nucléaire puisse produire de telles souffrances avec ses propres centrales » témoigne l’un d’eux dans le documentaire. (...)
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