
Lundi 3 décembre, au deuxième jour de la COP24, quelques discours puissants ont marqué les esprits. Vite tempérés par les Polonais puis par le ministre français de la Transition écologique. Schwarzenegger a tenté de rétablir l’équilibre.
La journée de lundi 3 décembre a été marquée par la plénière d’ouverture et les discours d’une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement. Quelques discours, puissants, ont marqué les esprits. Après avoir remis le symbolique petit marteau de bois au Polonais Michal Kurtyka, qui préside la COP24, Frank Bainimarama, Premier ministre des îles Fidji, a une nouvelle fois crié au loup : « La fenêtre pour agir se ferme à grande vitesse. Le temps presse. » Car même si les 196 États signataires de l’accord de Paris réalisaient les promesses faites durant la COP21 pour réduire leurs émissions, la planète se réchaufferait d’au moins 3,2 °C d’ici la fin du siècle, bien loin des 1,5 °C nécessaires pour sauver les nombreuses populations insulaires de la submersion. Il y a quelques jours, un rapport onusien a conclu que les États devraient multiplier par cinq leurs engagements pris en 2015 pour ne pas dépasser les 1,5 °C. « Cela veut dire cinq fois plus d’action, cinq fois plus d’ambition », a redit le représentant fidjien, avant d’en appeler à la protection divine : « Que Dieu nous pardonne, si nous ignorons les preuves irréfutables, nous deviendrons la génération qui a trahi l’humanité. »
« Le changement climatique va plus vite que nous et nous devons le rattraper avant qu’il ne soit trop tard » (...)
« Chers amis, nous sommes dans de grandes difficultés, a poursuivi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Le changement climatique va plus vite que nous et nous devons le rattraper avant qu’il ne soit trop tard. Pour beaucoup de personnes, de régions ou même de pays, il s’agit déjà d’une question de vie ou de mort. (...)
Si nous échouons, l’Arctique et l’Antarctique continueront à fondre, les coraux à blanchir et même à mourir, les océans monteront, plus de gens mourront de la pollution de l’air, les pénuries d’eau seront un fléau pour une grande partie de l’humanité et le coût de ces désastres montera en flèche. » (...)
La présidence polonaise de la COP s’est ensuite chargée de ramener tout le monde les pieds sur terre. Après une vidéo vantant les beautés de sa nature, ses quelque 1.500 réserves et ses remarquables forêts, le tout conclu par quelques minutes live d’un fameux accordéoniste local, le président polonais, Andrzej Duda, a tempéré les ardeurs onusiennes et rappelé que la nature avait beau être sympathique à regarder, elle avait ses limites. (...)
Autant dire que la Pologne ne songe pas un instant à abandonner ses centrales à charbon. Elle préfère rêver à cette douce utopie d’un « charbon propre », qui consiste à traiter les fumées toxiques sortant des centrales à charbon ou à séquestrer sous terre le carbone émis. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé quelques minutes plus tard le maire de Katowice, assurant qu’il voulait « ouvrir une page nouvelle dans l’histoire de l’humanité », mais cela, tout en continuant « à exploiter le charbon de manière compatible avec l’environnement ». (...)
Difficile donc de deviner à ce stade quel sera dans 15 jours le niveau d’ambition retenu. Et je dois vous avouer que ce n’est pas l’intervention française qui m’a rassurée… (...)
François de Rugy nous a répondu que l’absence d’un dirigeant français n’était pas un problème puisque cette COP était « en quelque sorte une conférence de transition ». Eh oui, « entre celle de Paris en 2015 avec l’accord qui a été signé et celle de 2020, où il y aura à rehausser nos ambitions sur les émissions de gaz à effet de serre ». Comment doucher toute ambition climatique d’envergure…
Heureusement, pour se changer un peu les idées, il y avait toujours l’option Terminator. À défaut d’avoir Donald Trump à la COP, les Polonais ont en effet réussi à convaincre l’ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger de faire étape à Katowice. L’ancien acteur a donc posé le pied en Pologne cette semaine pour la première fois de sa vie. (...)