
Une centaine de jeunes leaders juifs et musulmans venus du monde entier sont actuellement réunis à Berlin pour la Muslim and Jewish Conference (MJC). L’organisme à but non lucratif a pour but de créer le dialogue durant toute une semaine et de monter des projets en commun
Après Vienne, Kiev ou Bratislava, la 6e édition de la Muslim Jewish Conference (MJC) se tient cette année dans la capitale allemande depuis le 16 août et jusqu’au lundi 24. Le parrain de cette année n’est autre que Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères allemand. Venus de 40 pays différents, 115 jeunes étudiants, leaders associatifs ou communautaires juifs et musulmans ont fait le déplacement pour aller à la rencontre de l’autre, au-delà des clivages culturels et souvent politiques.
« Le programme de cette année est très chargé ! Nous avons organisé des comités de travail sur l’islamophobie, l’antisémitisme, la construction des discours de haine sur Internet, le genre et la religion, l’art et la culture ou encore la problématique de vivre en tant que minorité à travers la question du pouvoir, des droits humains… », détaille Rafael Tyszblat, médiateur, expert en dialogue interculturel et responsable des programmes pour la MJC.
En plus des comités de travail, des séances plénières sont également organisées avec, en l’occurrence, une séance, mercredi 19 août, sur la question du conflit israélo-palestinien. « Évidemment, nous n’éludons pas ce sujet très important… Nous donnons la parole à tous. Par exemple, nous avons des membres du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) parmi nous. Et lors de la séance, nous avons pu entendre les témoignages d’une juive israélienne qui vit dans une colonie de Cisjordanie et également celui d’un Palestinien qui a passé dix années dans les prisons israéliennes… »
Un face-à-face qu’on imagine musclé, mais le dialogue reste la clé pour le consultant. « Il est évident que cette Israélienne et ce Palestinien ne seront peut-être jamais d’accord et ce n’est d’ailleurs pas forcément notre but. Mais tous deux ont reconnu l’importance de l’échange et de l’écoute de l’autre. » (...)
Si la majorité des participants est de confession ou de culture juive ou musulmane, ce n’est pas une obligation pour participer aux débats de la MJC. « Il est clair que l’intérêt est d’avoir une majorité de représentants de ces deux religions, mais on estime qu’il y a parmi les participants entre 10 et 15 % d’athées, de catholiques ou d’agnostiques », poursuit le consultant.
Ces jeunes qui partagent des moments d’échange peut-être uniques dans leur vie apprennent à tisser des liens et à intégrer des camarades de l’autre religion dans leur réseau. « Par exemple, quand la guerre a éclaté au Yémen, un ancien participant de MJC, Mohammed s’est retrouvé piégé, cerné de toutes parts par d’autres communautés ennemies. Il a fait appel à la MJC… Et grâce aux contacts diplomatiques, pour la plupart de personnes juives, il a réussi à sortir du pays... » (...)
Si les conférences annuelles se sont jusqu’alors tenues dans des capitales européennes, il s’agit de viser également d’autres continents. Mais, dans un avenir proche, pour 2016, les débats devraient avoir lieu en France. « Ce n’est pas encore confirmé à 100 %, mais ce serait Paris ou Strasbourg… J’y tiens personnellement. C’est en France où les minorités musulmane et juive sont les plus importantes en Europe. Et avec les derniers événements il y a des tensions importantes… L’intérêt de la France est tout trouvé », (...)