
Ken Loach a réalisé son documentaire « L’esprit de 45 » -la victoire travailliste britannique après-guerre et la mise en oeuvre d’un programme socialiste- parce qu’il désespère de ne pas le voir aujourd’hui, alors que le libéralisme économique règne en maître.
1945, c’est la victoire éclatante des travaillistes de Clement Atlee sur les conservateurs de Winston Churchill, et surtout la mise en oeuvre d’un programme ambitieux : nationalisation des mines, des transports et de l’énergie, création du National Health Service, le service de santé publique, la construction de millions de logements sociaux... (...)
Le documentaire de Ken Loach, qui sort mercredi (8 mai) en France, puise abondamment dans des archives étonnantes sur l’état de la pauvreté britannique à l’époque, sur l’enthousiasme qui a accompagné les débuts travaillistes... Il interviewe également des témoins soigneusement choisis, anciens syndicalistes ou économistes de gauche.
Mais il y a une rupture brutale dans le film, avec l’apparition du visage souriant de Margaret Thatcher. Nous sommes passés directement des années 40 à 1979 et le début du libéralisme triomphant. Ken Loach n’explique pas dans son film les raisons de cette défaite de la gauche, nous l’avons interrogé sur ce point.
Le 30 avril, Ken Loach était à Paris pour une avant-première de son film, en partenariat avec Rue89. Plusieurs riverains de Rue89 ont pu assister à la projection et participer au débat qui a suivi. (...)
J’espère que nous n’aurons pas besoin d’une nouvelle guerre pour avoir des changements. S’il y a une guerre, nous ne serons plus là pour voir ces changements.
J’aimerais que les gens ouvrent les yeux et réalisent que les choses évoluent de manière catastrophiques, et qu’il y a un besoin de changement. Nous avons des familles qui n’arrivent pas à se nourrir à cause de la pauvreté, nous avons des banques alimentaires avec des dons pour les familles démunies, si nous ne trouvons pas ça suffisamment choquant pour réagir, alors c’est désespérant et c’est perdu.