Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
Kosovo : les Roms, pauvres parmi les pauvres
Article mis en ligne le 2 janvier 2014

A Mitrovica, les Roms vivent dans un quartier construit par une ONG. Mais, malgré les aides de l’UE et des Etats-Unis, ils n’ont ni travail ni représentant politique. Leur vie reste misérable.

(...) Le lotissement a été construit par l’ONG américaine Mercy Corps, avec des fonds de US Aid et de l’Union européenne, sur un terrain fourni par la municipalité, au sud de la rivière Ibar qui sépare les parties serbe et albanaise de la ville.

Seules ont été acceptées les familles roms détenant un titre de propriété de leur maison détruite en 1999, et qui avaient trouvé refuge dans des camps au nord de la ville, si insalubres qu’elles ont été victimes d’une grave pollution au plomb. Aujourd’hui, 138 familles roms habitent dans les maisonnettes modernes de Roma Mahala. Pourtant, malgré tout le confort dont Ali Jahja jouit ici, il est amer : « Avant la guerre de 1999, on n’avait pas tout ça, mais la vie était meilleure. »Dans ce petit pays autoproclamé indépendant en 2008, il y a peu de travail pour les Kosovars - 35% vivent sous le seuil de pauvreté -, et aucun pour les Roms, pauvres parmi les pauvres. L’économie est sinistrée. La mine de Trepca, qui a longtemps fourni du travail aux habitants de Mitrovica, ne marche plus qu’au ralenti.

Les poubelles ou les ponts (...)

Faute d’avenir à Mitrovica, tous les Roms sont tentés par l’exil, même s’ils savent qu’ailleurs, les conditions sont bien pires.
(...)

la population rom ne cesse d’augmenter, avec l’afflux de ceux originaires du Kosovo et expulsés d’Europe, comme la famille de Léonarda Dibrani, rejetée de France en octobre et installée dans un quartier voisin (Libération du 12 novembre). Ces « rapatriés » vivent dans une précarité encore plus grande que les Roms qui n’ont jamais quitté le pays. (...)

Ces « rapatriements » s’effectuent en vertu d’accords bilatéraux passés avec 21 pays, dont 16 de l’Union européenne, comme la France et l’Allemagne. Le Kosovo a touché en échange d’importants subsides et le flux se poursuit à raison de 330 rapatriés (roms et autres) par mois, selon le Haut Commissariat aux réfugiés, sans espoir d’intégration : « Le manque de documents d’identité et de titres de propriété, ainsi que le nombre insuffisant de logements joint au taux élevé de chômage demeurent des écueils majeurs contrariant la réintégration et la viabilité des retours », indique le HCR. Même si les autorités kosovares subventionnent un temps les loyers et l’éducation des enfants (2 945 rapatriés ont bénéficié d’un budget de 3,2 millions d’euros en 2012), la réalité reste désespérée (...)

« On doit mendier pour manger. L’Union européenne donne de l’argent pour les Roms. Mais on ne sait pas où il va. » (...)