
L’entreprise, ce n’est pas un lieu d’exploitation, ce n’est pas un lieu d’accumulation de profits, de richesses » a affirmé de façon assez novatrice, le ministre du budget, Bernard Cazeneuve le 6 janvier sur BFMTV inaugurant brillamment l’an 2014.
C’est bien connu, l’entreprise est un dancing, un club de rencontre, un centre de repos, un institut de thalasso, Noël tous les jours et le soleil y brille.
Ne le dites pas aux 98 % de salariés qui gagnent moins de 3200 euros nets, aux 50 % d’« actifs occupés » qui gagnent moins de 1680 euros, ne répétez pas les propos du ministre aux 10 millions de travailleurs pauvres en dessous de 900 euros : dans l’entreprise on n’est pas là pour faire des profits mais pour se marrer
Ne le dites pas aux 20 millions de salariés dont les heures supplémentaires ne sont pas payées, mais c’est pour leur bien, ils en ont de la chance d’être dans un chouette lieu ou on rigole tous, matin, midi et soir.
Ne le dites pas aux 4 millions de temps partiel subis, aux CDD renouvelés, aux contrats « atypiques », aux 3 X 8, aux 4 X 8, aux 5 X 8, aux travailleurs de nuit et du dimanche, aux femmes pauvres et précaires, ils douteraient de tout.
Ne le dites pas aux précaires, aux discriminés et harcelés, aux accidentés, handicapés, malades, tués et suicidés du travail. En fait l’entreprise, c’est le paradis, c’est désintéressé, on y est tous copains et copines.
Ne le dites surtout pas aux patrons qui se sont octroyés 196 milliards de dividendes ni aux 500 familles qui possèdent 330 milliards, 16 % du Pib, et qui ont gagné 59 milliards ( + 25 %) l’an passé, ce sont tous des altruistes, ils savent, eux combien l’entreprise est généreuse.
Et si vous croisez le ministre du budget, ignorez patrons et banquiers fraudeurs du fisc, qui détournent 80 milliards et qui placent 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux, ça gâcherait son optimisme et il serait capable de ne plus vouloir « pactiser » avec les entreprises, et il se ferait virer par François Hollande.
Si vous prétendez que le capitalisme ce n’est pas seulement le profit mais la recherche de sur-profit maxima, vous êtes ringard. Ne traitez plus le patron de « taulier » c’est un bienfaiteur. Vous êtes vieux jeu si vous croyez que qui compte pour les entreprises, c’est la rentabilité, au détriment de tout le reste, du bien-être, du développement durable. (...)