
Après avoir révélé l’ampleur de l’espionnage états-unien dans le cadre du programme Prism, Edward Snowden, informaticien et ancien employé de la CIA et de la NSA, aurait demandé l’asile politique à l’Équateur – son passeport annulé par les autorités américaines qui l’ont inculpé d’espionnage, de vol et d’utilisation illégale de biens gouvernementaux, il se réfugie à Hong-Kong, puis en Russie qui refusent de l’extrader aux États-Unis. Pour lemonde.fr, si ce « petit pays » a accepté d’évaluer cette requête, ce n’est pas par principe, ou pour défendre la liberté d’expression, mais parce que, selon le titre d’un article du 24 juin, ce serait un « refuge pour les pourfendeurs des États-Unis » [1], pour des raisons dont les racines seraient à trouver dans l’histoire familiale et la psychologie du président Correa… Un article d’information désinformée et de parti-pris désinvolte.
(...) « C’est à l’Equateur que l’ex-consultant de la CIA Edward Snowden […] a demandé l’asile politique. Ce petit pays d’Amérique centrale est devenu un refuge privilégié pour les pourfendeurs des secrets de l’administration américaine. » [2]
Passons pour commencer sur la bévue qui situe l’Équateur en Amérique centrale plutôt qu’en Amérique du sud… On ne s’étendra pas non plus sur le qualificatif de « petit » pays dont on ne sait s’il est justifié par la superficie de l’Équateur, par sa population, par son importance sur l’échiquier géopolitique ou dans l’imaginaire journalistique. Notons simplement que ces imprécisions géographiques et sémantiques sont le signe d’une désinvolture significative du mépris dans lequel les journalistes d’un « grand journal » comme Le Monde tiennent les habitants et les gouvernants des « petits pays » et… ceux de leurs lecteurs qui s’y intéressent !
Jeux de leaks, jeux de vilains…
Après avoir mentionné les déclarations du ministre équatorien des affaires étrangères, soulignant que ce « dossier relevait de "la liberté d’expression" » [3], le journaliste du monde.fr s’emploie à en dénoncer l’hypocrisie avec une « démonstration » aussi tortueuse et fragile que paradoxale. Laquelle ne fait d’ailleurs que reprendre les éléments déjà avancés l’an dernier dans un article consacré à l’asile politique que l’Équateur (qualifié à l’époque d’« étrange destination »….) avait accordé à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. (...)