
La Révolution a été le produit d’un échec des choix néolibéraux et d’un modèle de développement qui n’a pas été en mesure de résoudre le chômage, les inégalités entre régions et entre catégories sociales. Les Tunisiens n’ont pas fait la révolution parce qu’ils doutent de leur religion ou de leur identité, ou parce que des gens appellent à normaliser les relations avec l’Etat hébreu ! Mais ces faux problèmes sont au centre des débats politiques.
(...) Nous ne sommes pas condamnés à nous développer en nous appuyant sur la misère. Nous devons repenser notre position dans la division internationale du travail en construisant des avantages comparatifs dynamiques : une main d’œuvre qualifiée, des spécialisations à haute valeur ajoutée, un appareil productif diversifié à partir des pôles de compétences (la pharmacie, le développement informatique…).
Il faut réhabiliter le rôle de l’Etat, surtout dans le domaine de l’élaboration d’une politique industrielle, pour donner une visibilité au secteur privé afin qu’il s’oriente vers ces nouvelles activités. Il ne peut pas s’engager vers ces activités plus risquées s’il n’a pas l’appui de l’Etat. S’il n’y pas une politique industrielle qui oriente l’affectation des ressources.(...)
Jusqu’à maintenant, l’Europe a traité les pays de la rive sud comme une périphérie, comme un arrière-pays qui offre des richesses naturelles, un marché et une main d’œuvre flexible pour compléter des spécialités qui manquent en Europe. Cette vision des choses a été renforcée par une vision sécuritaire de pays vus comme des menaces. L’Union européenne doit nous considérer comme un partenaire d’égal à égal.
D’autre part, ce que propose le G8, ce n’est pas une aide, ce sont des crédits [40 milliards sur trois ans, pour les pays engagés dans la démocratisation, c’est-à-dire la Tunisie et l’Egypte, ndlr]. Dont 10 milliards financés par les pays du Golfe : que des régimes despotiques soutiennent la démocratisation de la Tunisie, c’est aussi curieux !
Et la moitié par les institutions internationales aux conditions que nous connaissons et qui sont à l’origine de l’échec du modèle économique : l’application et l’extension de réformes néolibérales.(...) Wikio