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L’abécédaire de Frantz Fanon
Article mis en ligne le 23 juillet 2020
dernière modification le 21 juillet 2020

« Chaque fois que la liber­té et la digni­té de l’homme sont en ques­tion, nous sommes tous concer­nés, Blancs, Noirs ou jaunes1 », avait assu­ré le natif de Fort-de-France afin d’ex­pli­ci­ter son enga­ge­ment, en 1943, au sein de l’Armée fran­çaise de libé­ra­tion.

Mais le jeune sol­dat — gra­ve­ment bles­sé à la poi­trine par un éclat d’o­bus — ne tar­da pas à confier sa dés­illu­sion : le racisme per­du­rait dans les rangs répu­bli­cains. Le psy­chiatre qu’il devint ral­lia une décen­nie plus tard la lutte pour l’in­dé­pen­dance de l’Algérie, allant jus­qu’à se pré­sen­ter comme l’un de ses citoyens et espé­rer y être mis en terre — il le fut, au début des années 1960, trois de ses ouvrages à ses côtés. L’auteur des désor­mais clas­siques Les Damnés de la terre et Peau noire, masques blancs esti­mait que les ana­lyses mar­xistes devaient être « légè­re­ment dis­ten­dues » dès lors qu’il était ques­tion de pen­ser le colo­nia­lisme : retour, en 26 lettres, sur l’une des figures révo­lu­tion­naires du XXe siècle. (...)

Antisémitisme : « L’antisémitisme me touche en pleine chair, je m’é­meus, une contes­ta­tion effroyable m’a­né­mie, on me refuse la pos­si­bi­li­té d’être un homme. Je ne puis me déso­li­da­ri­ser du sort réser­vé à mon frère. Chacun de mes actes engage l’homme. Chacune de mes réti­cences, cha­cune de mes lâche­tés, mani­feste l’homme. » (Peau noire, masques blancs, Seuil, 1952)

Bourgeoisie natio­nale : « Au sein de cette bour­geoi­sie natio­nale on ne trouve ni indus­triels ni finan­ciers. La bour­geoi­sie natio­nale des pays sous-déve­lop­pés n’est pas orien­tée vers la pro­duc­tion, l’in­ven­tion, la construc­tion, le tra­vail. Elle est toute entière cana­li­sée vers des acti­vi­tés de type inter­mé­diaire. Être dans le cir­cuit, dans la com­bine, telle semble être sa voca­tion pro­fonde. La bour­geoi­sie natio­nale a une psy­cho­lo­gie d’hommes d’af­faires, non de capi­taines d’in­dus­trie. » (Les Damnés de la terre, Maspero, 1961)

Colonialisme : « Redisons-le, tout groupe colo­nia­liste est raciste. » (« Racisme et Culture », Présence Africaine, juin-novembre 1956)

Déshumanisation : « Ainsi dans une pre­mière phase l’oc­cu­pant ins­talle sa domi­na­tion, affirme mas­si­ve­ment sa supé­rio­ri­té. Le groupe social asser­vi mili­tai­re­ment et éco­no­mi­que­ment est déshu­ma­ni­sé selon une méthode poly­di­men­sion­nelle. » (« Racisme et Culture », Présence Africaine, juin-novembre 1956)

Europe : (...)

Histoire : « Le colon fait l’Histoire et sait qu’il la fait. Et parce qu’il se réfère constam­ment à l’his­toire de sa métro­pole, il indique en clair qu’il est ici le pro­lon­ge­ment de cette métro­pole. L’histoire qu’il écrit n’est donc pas l’his­toire du pays qu’il dépouille mais l’his­toire de sa nation en ce qu’elle écume, viole et affame. » (Les Damnés de la terre, Maspero, 1961) (...)

Peuple noir : « Il y a autant de différence entre un Antillais et un Dakarien qu’entre un Brésilien et un Madrilène. Ce qu’on cherche en englobant tous les nègres sous le terme "peuple noir" c’est à leur enlever toute possibilité d’expression individuelle. Ce qu’on cherche ainsi, c’est à les mettre dans l’obligation de répondre à l’idée qu’on se fait d’eux. » (« Antillais et Africains », Esprit, février 1955)

Racisme : « Le racisme vulgaire dans sa forme biologique correspond à la période d’exploitation brutale des bras et des jambes de l’homme. La perfection des moyens de production provoque fatalement le camouflage des techniques d’exploitation de l’homme, donc des formes du racisme. » (« Racisme et Culture », Présence Africaine, juin-novembre 1956) (...)