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L’acharnement. Les 4 de Melle et la répression dans l’éducation
Article mis en ligne le 6 octobre 2020

Quatre enseignant·es de Melle dans l’Académie de Poitiers passeront en Conseil de discipline à partir du 12 octobre. Ces quatre enseignant·es sont militant·es du syndicat SUD éducation. Ce qui leur est reproché : leur participation à la contestation de la réforme inégalitaire du Lycée entre 2018 et 2020. Face à cet acharnement, notre solidarité doit être un rempart.

Cécile, Sylvie, Sandrine et Aladin enseignent dans le même établissement, le Lycée général et technologique Joseph Desfontaines de Melle dans les Deux-Sèvres et sont syndiqué·es à SUD éducation et sont convoqué·es en conseil de discipline à partir du 12 octobre prochain. Trois de ces enseignant·es sont suspendu·es depuis le 9 mars dernier dans l’attente de cette procédure disciplinaire, la quatrième a appris sa convocation le 15 septembre.

C’est leur engagement qui est en cause et c’est un « exemple » que cherche à faire le ministère.

Dans leur établissement, la combativité a en effet été de mise face à la réforme inégalitaire du lycée : par la grève des personnels comme par les mobilisations des élèves comme de leurs familles.

Début 2020, les épreuves des E3C (épreuves communes de contrôle continu) sont contestées par des actions collectives portées, là encore, par les enseignant·es comme les lycéen·nes soutenu·es par leurs parent. Il est important d’insister sur le fait que ces actions étaient bel et bien décidées et assumées collectivement. (...)

Le 3 février, c’est le jour de passage des E3C (on appréciera au passage la ponctualité de leur aspect « continu ») au Lycée Desfontaines. 40 gendarmes sont devant l’établissement pour en imposer la tenue aux récalcitrant·es. Il n’y a pas de faute de frappe et on peut l’écrire en toutes lettres : on parle bien de quarante gendarmes.

Les élèves sont enfermés à clé dans leurs salles de classe, les portes coupe-feux sont entravées pour empêcher toute « fuite ».
Ce n’est sans doute pas un hasard si le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail départemental de l’éducation nationale s’est penché sur la gouvernance de cet établissement. Il y a identifié en avril dernier un « pilotage autoritaire et sans dialogue [qui a] fortement dégradé la santé mentale et physique de nombreux personnels ». (...)

12 octobre nous serons devant le Rectorat de Poitiers en soutien à nos camarades, avec la Fédération SUD éducation.

L’acharnement

Ce n’est pas la première fois que des équipes et des militant·es syndicalistes sont visé·es par des procédures dans lequel s’implique directement le ministère. Un ministère qui sous la houlette de Jean-Michel Blanquer semble entretenir une véritable obsession à l’encontre de SUD éducation.

Citons d’abord les amalgames, approximations et mensonges colportés depuis 2017 au sujet des stages antiracistes du syndicat SUD éducation de Seine-Saint-Denis. Et ce jusque devant l’Assemblée nationale… et sans succès aucun devant la justice.

En 2019 encore c’était la répression frappant quatre syndicalistes du Collège République de Bobigny, dont trois membres de SUD éducation, aboutissant à la mutation de deux d’entre-elles « dans l’intérêt du service ». C’est en réalité dans l’intérêt bien compris d’un Rectorat de Créteil acquis aux restrictions budgétaires et à la gestion autoritaire des contestations. (...)

La juxtaposition des faits autorise à penser, en toute sincérité et raisonnablement, que le syndicalisme qu’incarne SUD éducation est la cible du ministère de l’Éducation nationale et qu’il s’agit délibérément d’entraver son développement et son action.

Mais les équipes et les militant·es de SUD éducation, parce que légitimes sur le terrain, ne sont pas isolé·es. Le soutien intersyndical, à tous les niveaux, a toujours été de mise (...)