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Le Monolecte
L’affaire DSK cristallise la guerre des classes
Le pot de terre contre le pot de fer : regarde les (grands) hommes tomber.
Article mis en ligne le 19 mai 2011

Soutiens inconditionnels (et parfois aussi efficaces dans leur genre que la corde soutient le pendu) ou gôchistes aigris qui se vautrent dans la curée, ce qui est certain, c’est que juste après le faste du mariage princier, la société du spectacle nous offre à tous la fascinante mise en scène des frasques d’un puissant et de la chute vertigineuse qui s’en suit. La boniche contre le maître du monde, c’est le raccourci compréhensible par tous de la guerre des classes qui fait actuellement rage sur la planète. La question n’est pas tant de savoir la vérité — il est toujours d’ailleurs dangereux de penser qu’il n’existe qu’une seule et unique version du réel, tout comme il ne peut y avoir qu’une seule manière de faire évoluer notre société — que de bien distinguer, une fois de plus, où se positionnent les lignes de fracture de notre corps social. Comme d’habitude, la lecture des réactions dans les médias montre bien à quel point la fameuse distinction gauche/droite est moins pertinente que jamais, tant il s’agit d’une question de classes sociales et non d’options politiques.

La guerre des classes, c’est ce grand bond en arrière qui a de plus en plus en plus de mal à s’accommoder de l’imposture démocratique. (...)

« Cette partie de la population… est le socle même sur lequel repose notre démocratie. Du groupe le plus défavorisé, on ne peut malheureusement pas toujours attendre une participation sereine à une démocratie parlementaire… Ce sont donc les membres du corps intermédiaire, constitué en immense partie de salariés avisés, informés et éduqués, qui forment l’armature de notre société… Leurs objectifs reposent sur la transmission à leurs enfants d’un patrimoine culturel et éducatif d’une part, d’un patrimoine immobilier et parfois quelque peu financier, qui sont les signes de leur attachement à l’économie de marché. Or ce sont les objectifs de ce groupe qui sont atteints de plein fouet aujourd’hui »

C’est moi qui ai graissé une partie de la citation. Petite phrase qui ne laisse pas beaucoup de marge d’interprétation quant à l’estime dans laquelle l’auteur tient les membres du prolétariat, cette classe la plus défavorisée, dont l’auteur met clairement en doute l’aptitude à la citoyenneté. Bien sûr, l’auteur de cette élégante saillie n’est autre que Dominique Strauss-Khan (...)

Donc, si l’on suit bien, DSK, le brillant économiste, explique que les classes défavorisées ne sont pas assez éduquées pour pouvoir sereinement participer à la démocratie de leur pays et DSK, le brillant directeur du FMI, profite de la crise pour prescrire de bonnes grosses purges dans les systèmes éducatifs des pays en difficulté, purges qui ont pour premier effet remarquable d’éloigner les classes défavorisées de cette éducation qui leur fait précisément défaut pour le plein exercice de leur citoyenneté...
Audacieux, non ? (...)

l’arbre DSK ne saurait cacher l’intensité de la guerre des classes qui bat son plein depuis le début de la pseudo-crise, c’est-à-dire du plus grand hold-up des riches sur les pauvres de notre histoire. (...)

Ainsi, avant même que le champ de bataille envahisse le Sofitel de New York, j’ai entendu, sur France Inter, une nouvelle qui n’a eu l’air de ne déranger que moi. (...)

Alors même qu’il se passait de bien singulières choses dans le Sofitel de New York, de manière bien plus intéressante et significative, le 16 mai 2011 marque la fin d’une époque :

Dans une lettre officielle adressée au Congrès, Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, vient donc d’annoncer des mesures d’une exceptionnelle gravité : le gel sine die une partie de l’alimentation des caisses de retraites des fonctionnaires à partir de ce sombre lundi.
Si ces mesures n’ont aucune implication sur le versement des pensions dues immédiatement, elles auront « des conséquences économiques catastrophiques » dès le 2 août 2011 précis.

Là, c’est le cœur de la classe dite « moyenne » qui vient d’être frappé (...)

C’est cela la guerre des classes, dans toute sa hideuse splendeur : une petite minorité de possédants, les too big to fail de la banque, de la finance, les directoires des multinationales toujours plus riches et plus puissantes qui, aujourd’hui, qui dictent leur loi à l’ensemble des nations de la planète et qui, selon toute vraisemblance ont décidé qu’il était temps d’en finir avec la mascarade démocratique.

À moins que...

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