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l’Humanité
L’âge de départ à la retraite, un choix social
Henri Sterdyniak Coanimateur des Économistes atterrés
Article mis en ligne le 23 avril 2019

Le patronat, comme les hommes politiques de droite, comme la technocratie française, européenne ou internationale, propose un remède miracle : reculer à 65 ans l’âge minimal de départ à la retraite. La France a actuellement un taux de chômage de 8,8 %. Il manque 2 millions d’emplois (soit 7 % des effectifs actuels) pour atteindre de plein-emploi. Il n’y a pas urgence d’imposer à 1,5 million de personnes de rester plus longtemps sur le marché du travail. À 60 ans, seuls 45 % des personnes sont encore en activité, de sorte qu’une hausse brutale de l’âge d’ouverture du droit à la retraite entraînerait une hausse du chômage chez les 60-65 ans, des difficultés d’entrée en emploi pour les jeunes, une baisse du niveau des retraites puisque nombre de personnes (en particulier des femmes) devront partir avec une forte décote ou attendre 70 ans pour une retraite à taux plein.

(...) la notion de durée de cotisation disparaît dans un système à points qu’Emmanuel Macron veut instaurer. De sorte que le risque est grand que la réforme n’introduise, d’une façon ou d’une autre, un âge pivot, de l’ordre de 65 ans. Toute année manquante impliquerait une perte de 7,5 % du montant de la retraite. Les salariés qui partiraient à la retraite à 62 ans subiraient alors une baisse de 22,5 % de leur niveau de retraite. Ainsi, la réforme pèserait lourdement sur ceux qui ne peuvent prolonger leur carrière, soit qu’ils sont usés par des travaux pénibles, soit que les entreprises refusent de les embaucher ou même de les maintenir en emploi. (...)

deux conditions devront impérativement être remplies : le système doit assurer à 62 ans un niveau satisfaisant de taux de remplacement net (au minimum 85 % pour une carrière au Smic, 75 % au niveau du salaire médian), ce taux doit être protégé par l’indexation des retraites sur les salaires nets ; des dispositifs spécifiques doivent permettre une retraite précoce, à taux plein, pour les travailleurs qui ont commencé à travailler, pour ceux qui ont occupé des emplois pénibles, pour ceux qui occupent des emplois que l’on ne peut assurer au-delà d’un certain âge, pour les chômeurs de longue durée que les entreprises refusent d’embaucher. (...)