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L’appel de Marseille
Article mis en ligne le 19 mai 2018

Réunie en assemblée générale le 13 mai, la coordination Pas sans nous, qui regroupe des représentants associatifs des quartiers populaires, regrette qu’une nouvelle fois que la réflexion gouvernementale autour de la politique de la ville, et notamment le rapport de Jean-Louis Borloo, n’associe pas les habitants et habitantes.

Dans son rapport, Jean-Louis Borloo, crucial initiateur de la rénovation urbaine, écrit : « L’archipel des 1500 quartiers de la politique de la ville (QPV), c’est l’équivalent de la population cumulée des 10 premières villes de France [... qui est] éloignée du moteur de la réussite, n’[a] pas les mêmes conditions de départ, les mêmes services de base et donc la même chance de pouvoir, par ses efforts et son mérite, construire un véritable avenir. » Le constat est juste mais « l’heure n’est plus aux rapports d’experts, l’heure est à l’action ! »

Mais avec qui ?

Pas un mot, pas un signe, aucune place pour les habitant.e.s des quartiers populaires alors que nous en sommes les ressources mais beaucoup de bruit de quelques-uns et d’agitation d’acteurs associatifs qui utilisent trop souvent nos quartiers pour s’offrir une visibilité et capter les moyens financiers.

Nous, qui depuis des années sommes traités comme une exception, nous qui vivons au quotidien les injustices et les inégalités, allons à nouveau faire l’objet d’une politique publique sans en être les acteurs et actrices. Pourtant, nous avions compris qu’il y avait nécessité de remettre en cause les conservatismes et les situations de rente.

Nous ne supportons plus que la politique des quartiers soit décidée d’en haut, elle doit se co-construire avec nous qui vivons et œuvrons au quotidien sur ces territoires. Nous ne sommes pas un problème mais une partie de la solution.

Nous n’accepterons plus que nos quartiers deviennent des parts de marché. Nous demandons que nos vies ne soient pas traitées comme un simple fonds de commerce, nos quartiers ne seront pas vos nouveaux territoires « franchisés ».

D’abord dans le cadre de la rénovation urbaine où des milliards d’euros profitent à de grands groupes qui ne font que trop peu appel aux compétences issues de nos territoires alors qu’ils prônent la diversité ou la couleur de peau comme un outil marketing.

Ensuite, dans le cadre de la cohésion sociale où nos situations d’urgence, à l’école ou pour nos emplois, deviennent des enjeux financiers pour certain.e.s, et, où tant de professionnel.le.s développent leur activité en exploitant une matière première, notre parole. Au-delà de notre voix et de nos mots, il y a notre expertise à reconnaître.

Ensemble ! (...)