
C’est la première association qu’avait choisi d’honorer de sa visite le tout nouveau ministre de l’Immigration, Éric Besson. C’est la première qu’il sacrifie sur l’autel de sa politique d’« intégration ». Elele, littéralement « main dans la main », créée en 1984 par Gaye Petek pour favoriser l’intégration des populations turques en France, est en liquidation judiciaire. Les indispensables subventions de la direction de l’accueil et de l’intégration (Dail), branche du ministère de l’Intégration, et de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité (Accès), placée sous l’autorité du secrétariat à la Politique de la ville, n’ont pas été versées cette année.
...Elele ne rentre plus dans les nouveaux critères gouvernementaux de l’intégration....
...« Depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, notre travail est diamétralement opposé aux discours dominants sur l’immigration comme étant un “boulet” pour la France. »
...Au-delà du sort de sa seule association, Gaye Petek prédit des temps sombres pour toutes les autres : « Une charrette d’entre elles va faire les frais de la politique gouvernementale. » Qui consiste à passer des appels d’offres pour répondre à des projets précis plutôt qu’à financer directement les associations. Outre l’aspect aléatoire d’un tel mode de financement, « c’en est fini de la créativité, de l’initiative des associations et de l’analyse qu’elles se font des besoins, car les priorités de l’État à travers les appels d’offres changeront chaque année ». À Elele, neuf salariés et neuf vacataires risquent de faire les frais de cette politique.