
Alors que les questions écologiques occupent une place centrale du débat politique, ses détracteurs caricaturent un « autoritarisme vert » ou encore des « élucubrations écototalitaires ». L’auteur de cette tribune s’attache à prendre le contrepied de ces expressions à l’emporte-pièce. (...)
Le saut civilisationnel auquel nous appelle la crise socioenvironnementale ne relève en aucun cas d’une répression des attentes fondamentales de l’être humain. Guide sur les voies de la résilience sociétale, l’écologie communique une attitude respectueuse et empathique à l’égard du vivant, initie à l’intelligence de ses écosystèmes et prédispose à l’émerveillement de son mystère. Compétente en sciences de la nature et protectrice du vivant, l’écologie est enseignante de vie, non pas une mère fouettarde. Son bon sens nous dissuade de rester complices d’une trajectoire suicidaire. Elle nous alerte sur les conséquences écocides de l’actuel système extractiviste-productiviste-consumériste, qui tourmentent l’humanité de maux toujours plus dévastateurs.
Ceux qui dénigrent l’écologie en la réduisant à une entreprise coercitive rejettent les exigences concrètes du nécessaire changement à opérer
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L’écologie serait-elle « punitive » parce qu’elle nous convierait à quitter un mode de vie insoutenable pour la planète, à modifier nos comportements consuméristes et à valider une politique alternative ? Serait-elle « punitive » parce qu’elle nous ouvre les yeux sur la « dépollution intérieure » à réaliser en soi ? Serait-elle moralisatrice parce que révélatrice de nos dérives écocides et autres irresponsabilités quotidiennes ? Autant dire que l’interdiction de fumer dans les lieux publics est « punitive ». Tout comme celle de jeter détritus et autres déchets sur les plages, dans les lieux publics et privés. Que le gaspillage, la pollution et l’accumulation de richesses superflues ne sont pas des formes de violence infligées au vivant et à la vie sociale. (...)
Voudra-t-on taire ou relativiser cette réalité parce qu’elle dérange et remet en question nos modes de vie ?
Nullement punitive ni liberticide, l’écologie responsabilise chacun pour devenir pleinement et collectivement humain. L’humanisation de notre être est un chemin personnel qui ne peut s’effectuer sans être solidaire de tous.
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Les oreilles de notre cœur peuvent-elles rester sourdes aux détresses humaines et non humaines provoquées par les errements géocides du paradigme consumériste de nos sociétés « occidentalisées » ? L’écologie ne peut pas être « punitive ». Ce sont les décisions dites de « transition écologique » qui le sont lorsqu’elles sont socialement injustes, dépourvues de mesures d’accompagnement pour les plus démunis.
La mutation socioécologique à laquelle nous sommes appelés est un processus intérieur animé d’une conscience universelle.
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En définitive, loin d’être répressive, l’écologie éveille à une démarche régénératrice de notre unique habitat commun parce qu’elle responsabilise et encourage à agir, solidaire de tout humain et de tout être vivant. Comment douter qu’il y ait urgence à sa mise en œuvre ? (...)