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fil rouge de l’humanité
L’enfant-soldat qui s’achetait des jouets
Serge Amisi, embrigadé à dix ans, raconte à la première personne une plongée dans l’enfer d’une guerre. -
Article mis en ligne le 28 juillet 2014
dernière modification le 23 juillet 2014

Avignon, envoyée spéciale. On se souvient du livre terrible et magnifique du grand écrivain ­Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé, sur l’itinéraire d’un garçon enrôlé dans la guerre du Liberia. À travers les rivalités des groupes armés, le livre démontait la mécanique guerrière implacable provoquée par des enjeux complexes mais terriblement instructifs.

L’Enfant de demain, le récit de Serge Amisi, n’a pas cette prétention-là. Il est ailleurs. Récit témoignage, récit de l’intérieur, récit à hauteur d’enfant qui subit la loi des adultes qui ne respectent et ne craignent rien. Ces factions armées ont recruté à tour de bras des enfants, des gamins croisés au hasard d’un chemin, séparés de leur famille en raison des déflagrations de guerres sans nom. Serge Amisi a une dizaine d’années lorsqu’il se retrouve embarqué dans un conflit dont il ne saisit pas les enjeux. On lui remet une kalachnikov, beaucoup de drogue et de l’argent de poche. Dans ces habits trop grands de Kadogo, il est paré pour tuer, piller. Avec son argent, il s’achète des jouets. L’embrigadement de ces enfants par une soldatesque qui carbure aux dollars et aux amphétamines est terrifiant. Pour autant, des bribes d’avant leur reviennent parfois. Un rêve lointain au milieu d’un cauchemar permanent. Les souvenirs d’une berceuse chantée par une maman ; l’odeur de la galette de manioc ; le bruit de la craie sur le tableau noir qui trônait au milieu de la classe. Serge Amisi a des éclairs de souvenirs. Qui lui donneront la force de fuir, de fuir à toutes jambes à travers la jungle. Il sera recueilli par l’Unicef. Une renaissance. (...)