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L’une des premières fermes françaises en coopérative : de jeunes paysans explorent une alternative prometteuse
Article mis en ligne le 19 septembre 2017
dernière modification le 18 septembre 2017

En Indre-et-Loire, la Coopérative paysanne de Belêtre est l’une des premières fermes françaises a avoir adopté, en novembre 2016, le statut de société coopérative de production (Scop). Une manière, notamment, d’éviter le piège du surendettement, et de garantir à ses salariés-paysans une protection sociale digne de ce nom. Mathieu, Lucie, Martin, Marion et Étienne expliquent les raisons et les modalités d’un choix aussi pratique que militant, et qui pourrait bientôt inspirer d’autres agriculteurs en quête de nouvelles solutions.

La recherche de cohérence est ce qui guide ce collectif agricole depuis sa création, en 2014. Mathieu Lersteau pose le constat de départ : « On entend trop souvent dire dans le monde paysan : "Il faut installer des jeunes", et quand l’heure de la retraite arrive : "Oui, mais ma ferme vaut 400 000 euros, j’ai travaillé dur toute ma carrière, remboursé des emprunts et je vais avoir une toute petite retraite". Le repreneur qui arrive, s’il veut s’installer, devra donc débourser, bien souvent emprunter, travailler dur pour s’en sortir à son tour avec une retraite insuffisante. Au passage, la ferme aura pris 100 000 euros de plus, et ainsi de suite à chaque génération. »

Pour les cinq associés de la ferme de Belêtre, en Indre-et-Loire, il y avait urgence à casser ce cercle infernal et à répondre au double enjeu de la protection sociale des paysans et de la transmission des entreprises déconnectée du capital. C’est ce qu’ils ont tenté de faire lors de leur installation, un parcours atypique issu de solutions « maison » après, pour certains, diverses expériences professionnelles au sein du réseau de développement agricole alternatif.

Un espace-test informel

La ferme de Belêtre a connu une belle (r)évolution en dix ans : au départ, c’est une ferme familiale d’une quarantaine d’hectares où Jean-Luc Desplat a succédé à ses parents. (...)

A l’été 2013, après avoir quitté leurs postes salariés, le petit groupe part à vélo de ferme en ferme à travers la France. Ce voyage contribue à deux années de recherches et de réflexion sur « un projet de ferme collective qui corresponde à notre vision ». (...)

« Les administrations nous ont d’abord dit que passer en Scop n’était pas possible. Il a fallu beaucoup de détermination et de rigueur dans l’accomplissement des démarches administratives. » Si les conditions financières d’installation ont été plutôt favorables – débouchés préexistants, terres en location... – il faut cependant de la créativité pour construire un budget prévisionnel qui tienne la route et assure le passage de deux à cinq paysans sur la ferme sans emprunt bancaire et sans aides à l’installation. « Le statut associatif nous excluait de l’éligibilité aux aides JA (Jeunes agriculteurs, Ndlr), nous avons dû compenser, explique Mathieu. Nous avons monté des dossiers pour des contrats aidés par l’État, comme notre statut de salariés associatif et notre profil nous le permettaient ». L’association bénéficie de ces contrats aidés de type CUI-CAE pendant deux ans, et se transforme en Scop le 1er novembre 2016.

Un document de sept pages – « Nos fondements » – est rédigé, exprimant le fond politique et une vision commune. Quatre grandes idées émergent : « expérimentation », « autogestion », « agriculture paysanne » et « transformation sociale ». Parmi les lignes directrices, celle de l’auto-gestion les amène à choisir le statut de Scop. (...) Dans une Scop, les travailleurs cumulent les statuts de salarié et d’associé. Grâce à cela, ils cotisent à la MSA au titre des assurances chômage, retraite et maladie comme tous les salariés. Les taux de cotisations sont plus élevés qu’en statut de chef d’exploitation non salariés agricoles mais la protection sociale s’en trouve améliorée. Par ailleurs, dans une Scop, l’augmentation du capital de l’entreprise est impartageable : l’apport initial des associés ne peut pas faire l’objet de plus-value. C’est la pérennité de l’entreprise et du projet qui importe avant tout. (...)

ien entendu, cela fait écho : « Des paysannes et des paysans nous contactent pour se renseigner sur notre Scop, désireux d’en savoir plus avant d’éventuellement s’installer ou de faire passer leur ferme sous ce statut ».