
Le peuple autochtone sengwer de la forêt d’Embobut, au Kenya, est contraint à partir et dépossédé de ses terres ancestrales par l’État kenyan d’une manière clairement irrégulière, illégale et violente.
Notre enquête fait le point sur l’application de la décision prise en 2013 par le gouvernement de relocaliser et de réinstaller tous les habitants de la forêt d’Embobut afin de limiter la déforestation.
Les Sengwers n’ont jamais été véritablement consultés et leur consentement libre et éclairé n’a pas été recueilli avant leur expulsion. Cela constitue une violation flagrante du droit kenyan et du droit international.
DES EXPULSIONS SYSTÉMATIQUEMENT VIOLENTES
La force, parfois meurtrière, a été utilisée de façon systématique contre les Sengwers et met en lumière les importantes irrégularités qui ont entaché le processus décisionnel sous-tendant les expulsions forcées.
En avril, une équipe spéciale gouvernementale sur la conservation des forêts par l’expulsion des populations forestières a conclu que le Service kenyan des forêts (KFS) avait conspiré en vue de l’exploitation illégale à grande échelle et de la destruction de la forêt d’Embobut, dont les Sengwers sont accusés et pour lesquelles ils sont persécutés. Malgré cela, elle a recommandé la poursuite de l’expulsion aveugle des habitants de forêts en danger, y compris les Sengwers d’Embobut.(...)
SÉPARATION DES FAMILLES ET LOGEMENTS PRÉCAIRES
En outre, nous avons constaté que les Sengwers qui vivent encore dans la forêt sont contraints à occuper des logements précaires car les leurs sont constamment incendiés
De nombreuses familles se retrouvent séparées, l’un des parents restant dans la forêt pour protéger le patrimoine ancestral tandis que l’autre vit ailleurs avec les enfants, souvent dans des conditions déplorables, pour des raisons de sécurité.(...)
Il y a urgence car des personnes risquent toujours d’être expulsées de force de leur logement. Il faut que l’État cesse immédiatement les expulsions et que les personnes expulsées soient autorisées à rentrer chez elles afin d’y vivre dans la dignité et en toute sécurité et de participer au reboisement.
Par ailleurs, nous appelons l’Union européenne (UE) et les autres donateurs, qui sont très investis dans la conservation et les questions liées au changement climatique, à s’assurer que les projets qu’ils financent ne contribuent pas à des violations des droits humains et que le consentement libre et éclairé des populations autochtones concernées est recueilli au préalable. Il convient de vérifier que les projets en cours ne donnent pas lieu à de telles atteintes.