
Parce qu’Emmanuel Macron conteste l’étiquette de « président des riches » qu’on lui attribue, les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se proposent de démontrer, à partir des faits, la réalité de son projet politique profondément inégalitaire : multiplication des mesures en faveur des plus riches, payées par les classes populaires. Chronique d’une guerre de classe.
Ils commencent leur portrait par un florilège de paroles « où transpire, par l’insistance d’une violence verbale répétée, un mépris de classe chevillé au corps » : « La meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler. » lâché à deux grévistes dans l’Hérault en mai 2017, « Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. » (...)
« Les provocations d’Emmanuel Macron sont cohérentes : elles expriment à la fois la personnalité d’un dominant convaincu de sa supériorité et la violence d’une politique de classe. Car, sous les mots, il y a la réalité d’une action : une offensive lancée face aux classes populaires et aux acquis de leurs luttes, où les premières sont désignées comme des coupables à mater et les secondes comme des fardeaux à supprimer. (...)
Résultat de cette politique, les bénéfices des entreprises du CAC40, les dividendes versés et les salaires des grand patrons (+14% entre 2017 et 2018 en moyenne) ont augmenté tandis que l’investissement à baissé. Le « dernier décile » des ménages, c’est-à-dire les 10% les plus riches, capteraient 46% des gains fiscaux.
Les auteurs reviennent sur l’élection présidentielle (...)
Le mépris de classe d’Emmanuel Macron est assumé : puisque les gens du peuple qui « ne sont rien », ne représentent que des coûts et des charges, sa politique prendra aux pauvres pour donner aux riches (...)
Dans le même temps, la lutte contre la fraude fiscale est assouplie alors même qu’elle s’aggrave et représente désormais 100 milliards d’euros de manque à gagner chaque année pour les finances publiques (...)
Les faux-semblant en matière de politique écologique sont également mis en lumière.
Cette enquête démontre « par des moyens sociologiques, en croisant le contenu de sa politique sociale et économique avec sa trajectoire sociobiographique et le maillage oligarchique de son pouvoir » qu’Emmanuel Macron est bel et bien le président des ultra-riches. (...)