
Les classes dominantes exultent. Elles ont gagné la bataille des idées. Elles ont profité de la crise, leur crise, pour opérer un renversement radical de valeurs, pour crédibiliser leur alternative – ultra libérale – à la crise de leur système : le néolibéralisme. Ils assurent tous deux l’hégémonie de classe, le contrôle social, leur pérennité au pouvoir, l’accumulation infinie des profits…
Elles sont parvenues à faire accepter au plus grand nombre des choix politiques de « restauration » et de régression totale. Elles ont fait basculer le pays dans une société en rupture avec celle qui était globalement la nôtre depuis la Libération. Orwell, Hugo, Zola, Jaurès, les philosophes, les pionniers du mouvement ouvrier, les front-populistes, les Résistants, doivent se retourner dans leur tombe.
Les classes dominantes ont inversé gaîment les termes de la lutte des classes, alors qu’au même moment, à gauche, certains se demandaient où elle était passée.
Ces spoliateurs pleins aux as culpabilisent à fond la caisse les classes populaires, rendues responsables de la situation. Les exploiteurs, les privilégiés, sont désormais ces planqués de fonctionnaires protégés par l’insupportable « statut de la fonction publique », vieille relique communiste, tous ces parasites nantis, bénéficiaires des « minimas sociaux » et qui s’enrichissent en dormant, ces feignasses de chômeurs assistés, allergiques au travail, ces faux crève la dalle de précaires, ces fauchés qui ont un statut et le défendent…
Le ministre de l’Economie du gouvernement « socialiste » vient d’atteindre les sommets de l’abjection en déclarant que la vie est plus facile pour les salariés que pour les « entrepreneurs » (...)
Les exploités sont aujourd’hui les entrepreneurs SDFéisés, les pauvres patrons victimes de prélèvements assassins et du garrot des anachroniques 35 h, les « héritiers » sans thune et autres rentiers indigents qui se pressent aux restaus du cœur… Alors que les caissières de supermarché, les maçons ; les éleveurs, les secrétaires, les infirmières… se dorent aux Antilles. « SVP. A votre bon cœur. Une petite pièce pour le Medef ». (...)
C’est le coût du capital, la course aux dividendes exorbitants et à la rémunération maximale de ce capital, qui saignent, stérilisent, l’économie.
Le service public, diabolisé en diable, contribue lui à la réduction des inégalités qui n’en finissent pas de se creuser, d’atomiser le tissu social, selon les enquêtes et rapports de l’Institut BVA, de l’Observatoire des inégalités, de l’ONG Oxfam. (...)
Alors cela commence à bien faire qu’ils nous prennent pour des glands. Qu’ils nous enfument. Va -t- on continuer à proposer des demi-mesures, petit bras, que le système peut absorber, ou avancer des réformes de structure, radicales, qui s’en prennent à la toute-puissance du capital, qui configurent une alternative révolutionnaire de bien commun, de socialisations, de gestion et contrôle par les travailleurs, les usagers, de partage et solidarité… ? Qui assure la victoire de la raison. « Socialisme ou barbarie » ?