
Solange n’existe pas, elle n’a jamais existé, c’est un personnage de fiction comme on en trouve souvent dans les BD. Est-ce un archétype ? Je ne le pense pas. C’est une ouvrière, comme il y en avait tant, des centaines qui, comme elle, travaillaient au montage des montres dans la manufacture LIP. Elle est mariée à Patrick, ouvrier lui aussi, mais plutôt réac ; elle a un fils, Yvon. Non syndiquée, elle participe peu à peu à la lutte, se rend aux réunions du comité d’action. Patrick mène sa petite vie, refusant de voir que celle de Solange change… comme si elle s’accélérait. Et petit à petit, ce sont toutes les phases bien connues de l’histoire des LIP que nous nous remémorons par le regard de Solange
(...) Cette BD en noir et blanc est de la belle ouvrage, aussi bien sur la forme que sur le fond : c’est l’histoire d’une lutte exemplaire, certes, mais aussi l’histoire d’une émancipation que symbolise le trajet personnel de Solange : pour elle, il y a eu un avant et un après, comme pour beaucoup de femmes et d’hommes qui ont mené des luttes : culture et action politique et syndicale et émancipation personnelle sont en relation.
Il me faut aussi parler des deux textes, préface et postface, qui encadrent la BD. Ces deux textes ont peu de points communs, même si tous les deux, de manière différente, font le lien entre un vécu passé et une réalité actuelle. (...)