
Nous assistons à un tournant dans la lutte contre la plus implantée et la plus dangereuse des forces néonazies d’Europe.
Dans l’arrestation spectaculaire de Nikolas Michaloliakos et d’autres leaders d’Aube Dorée en Grèce, ce n’est pas seulement l’avenir immédiat du parti nazi qui est en jeu, avec ses 18 députés obtenus grâce à un score de 7% aux dernières élections législatives, et son imposant détachement militant dédié à l’affrontement de rue. C’est également la poursuite de la résistance sociale et politique dans le pays européen le plus durement touché par la crise.
Cet événement pose aussi plus largement la question de la lutte contre le fascisme, le racisme et la xénophobie en Europe – la montée d’Aube Dorée ayant agi comme un exemple et un pivot de la radicalisation des forces d’extrême droite à travers le continent.
Le soudain revirement de l’État et du gouvernement d’Antonis Samaras contre Aube Dorée témoigne des efforts de mobilisation antifasciste en Grèce et de la vague d’indignation populaire qui a suivi le meurtre fasciste du très apprécié rappeur antiraciste Pavlos Fyssas. (...)
Ce n’est certainement pas une réelle hostilité envers le fascisme qui a animé Samaras et son parti Nouvelle Démocratie. Au moins trois figures majeures du centre droit avaient déjà envisagé une possible alliance avec les fascistes (s’ils devenaient légèrement plus « modérés »), dans la mesure où la coalition gouvernementale était réduite à peau de chagrin : il n’y reste plus que le centre droit et une social-démocratie exsangue représentée par le PASOK.
Les avocats antifascistes Evgenia Kouniaki, Takis Zwtos et Thanasis Kampagiannis ont apporté une masse importante de preuves reliant Aube Dorée à des activités criminelles et à une série de meurtres commis ces dernières années, et notamment l’assassinat d’un travailleur pakistanais, Shehzad Luqman en janvier dernier (...)
: l’un de ses assaillants avait des piles de brochures d’Aube Dorée ainsi qu’un portrait de Michaloliakos dans son appartement. Il n’y a pourtant eu aucune descente dans les bureaux d’Aube Dorée ou dans les commissariats de police liés aux nazis ces huit derniers mois.
Costas Douzinas, Hara Kouki et Antonis Vradis ont esquissé une partie des liens entre les fascistes, le centre droit et certains éléments de l’État. Au cours de la semaine passée, on a pu entendre des révélations au sujet d’un entraînement paramilitaire de fascistes conduit par des membres de la réserve des forces spéciales grecques, et d’autres au sujet de la complicité d’une figure majeure des services secrets (EYP), dans l’obstruction d’enquêtes sur les crimes d’Aube Dorée.
À cela s’ajoute le fait que ce gouvernement est responsable d’une cure d’austérité sauvage en application de chaque mémorandum, et renforce délibérément le racisme, qu’il rafle les réfugiés et les migrants, tout en accentuant la répression contre les mouvements sociaux. Comme l’explique brièvement la citation suivante : « C’est le gouvernement qui a fermé des écoles et des hôpitaux, et qui a ouvert des camps de concentration ». (...)