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La Nuit debout : de plus en plus de monde pour inventer la démocratie
Article mis en ligne le 4 avril 2016

Dimanche 34 mars, place de la République à Paris. Ici, depuis le jeudi 31 mars, un nouveau temps a commencé. Depuis trois nuits, et trois jours, quelques milliers d’utopistes dorment, débattent, s’organisent et se relaient pour penser et porter un autre monde.

Chaque matin à l’aube, les policiers viennent évacuer les lieux. Chaque après-midi, les tentes sont remontées, les scènes reconstruites, le matériel réinstallé, les bâches retendues. Et chaque jour, les participants sont un peu plus nombreux.

Ce dimanche 3 avril, le soleil a enfin montré ses rayons, rappelant que le printemps est là, prêt à accompagner ce mouvement de renouveau. Au dessus de quelques palettes qui ont permis de monter un guichet, une banderole « Accueil » appelle le visiteur. Ici, chacun fait la queue pour proposer de participer à la commission Démocratie, Restauration (pour les repas), Sérénité (pour assurer la sûreté des lieux), Logistique ou encore Communication. L’organisation s’inspire notamment de celle des Indignés espagnols. (...)

Entre les deux allées de tentes, un grand cercle s’est formé autour du premier cour de sociologie de l’université populaire. Sous une bâche, la commission Démocratie se demande comment s’organiser sans hiérarchies. Plus loin, aux pieds de la statue de la République, la commission Communication parle réseaux sociaux. (...)

Le mot d’ordre de tous, c’est la « convergence des luttes », mais sinon, il n’y a pas de revendications communes encore bien définies. L’idée générale est de « repenser le système ». Florient porte un petit carré rouge sur le blouson : « Certains essayent de lancer ça comme signe de ralliement, comme pour la mobilisation au Canada. Ce qui me plairait c’est que les gens se rendent compte qu’on ne vit pas dans une démocratie aujourd’hui, que la constitution ne défend que certaines personnes. » (...)

18 heures, c’est l’heure de l’assemblée générale (AG) quotidienne. Les personnes présentes s’assoient au pied d’une petite scène équipée d’une sono. Le cercle s’étend, jusqu’à faire peut-être une centaine de mètres de diamètre. Une personne qui compte depuis la tribune annonce 2.000 personnes.

Pour les nouveaux venus, on révise les codes pour s’exprimer en assemblée : mains en l’air pour approuver, en croix pour dire non, qui moulinent pour dire à celui qu’il parle qu’il se répète, etc. (...)

Une autre invite à être joyeux : « Il faut ajouter à notre lutte le rire et l’impertinence et l’insolence ». Elle propose aussi de s’appeler « Amarades, et d’enlever le C qui clive ». « Mais il faut aussi mettre sur le tapis la question des traités européens », renchérit un autre. « Je propose un mot pour décrire ce que l’on fait, on pourrait parler de parler de ’re-création’ », imagine un troisième. (...)

Puis, dans la soirée, tout le monde discute avec tout le monde, fait la queue à la cantine - à prix libre -, s’inscrit à l’Accueil pour être sur une liste de tâches à accomplir ou recevoir la newsletter. Près de la bouche de métro, la commission Sérénité fait calmement barrage à des proches d’Alain Soral : il n’est pas question que l’extrême-droite infiltre le mouvement. La nuit est tombée, la petite scène de musique est installée, et le reggae fait danser tout un bout de la place.

Lundi soir ? On verra. Et mardi 5 avril : c’est sûr que la Nuit Debout continuera.