
Avec les fêtes, des centaine de milliers de bouteilles de vin, de bière ou de champagne vont se vider. Et chaque année, un Français consomme en moyenne près de 35 kg de bouteilles en verre. Or, bien qu’en grande partie réalisée à partir de verre recyclé, leur fabrication reste très énergivore. Depuis 2015, dans le Jura, le projet « J’aime mes bouteilles » cherche à relancer la pratique de la consigne, plus écologique que le recyclage, qui a disparu du paysage depuis une trentaine d’années. Son objectif : revaloriser les bouteilles de vin jurassien pour recréer une filière de réutilisation. Reportage.
Âgée de 34 ans, Aude Weiss est désormais responsable de la filière « J’aime mes bouteilles », qui souhaite relancer la consigne dans le Jura en s’appuyant sur la filière viticole. Cette ancienne banquière a signé, en septembre 2017, un CDD de trois mois au sein de Clus’ter Jura. Basée à Lons-le-Saunier, cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) accompagne des projets qui ont pour but de créer et de développer des emplois locaux.
50 000 bouteilles récoltées en un an
Les raisons pour lesquelles la consigne a disparu sont multiples, selon Thomas Berthelet, qui a suivi le projet pour le Clus’ter Jura depuis son lancement fin 2014. « Il y a eu une grosse vague d’arrêt de la consigne en France durant les années 70, notamment parce que cela n’était plus assez rentable. Certains vignerons pensent toujours que cela coûterait plus cher ou que ce serait plus polluant de s’y remettre. Notre leur expliquons que cela serait au contraire plus avantageux pour eux » (...)
Pour récupérer à moindre frais les bouteilles utilisées auprès des consommateurs, un système de collecte a été mis en place. « En deux ans, nous avons installé 25 points de collecte dans le Jura et le Doubs, le département voisin. Ils se trouvent dans des magasins bios, une ressourcerie et aussi des hypermarchés. Certains nous ont même contactés directement pour en aménager un », précise le Lédonien. Une véritable volonté de s’impliquer s’est aussi manifestée chez les consommateurs. A la Biocoop du centre-ville de Lons-le-Saunier, leur plus gros point de collecte, 1500 bouteilles sont récoltées chaque mois dans des caisses entreposées dans un coin du magasin, sans aucune rétribution en retour.
« Au total, nous avons récolté 50 000 bouteilles de vin depuis un an. Pour débuter l’expérimentation, le choix s’est porté sur les bouteilles de vin du Jura car 60% du vin produit dans le département est consommé localement. Le but est d’ouvrir par la suite la consigne à d’autres types de boissons produites dans les environs, telles que la bière ou les jus de fruits », précise Aude Weiss. Aujourd’hui, les bouteilles récoltées sont stockées dans différents hangars de la région, en attendant d’être lavées. Il s’agit d’une des missions premières de la responsable de la filière à ce poste : la revente de ces bouteilles.
« Un intérêt financier non négligeable » (...)
Un potentiel de dix emplois d’ici 2020 (...)
Grâce au travail réalisé depuis deux ans, la filière vient d’obtenir un premier trophée dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Sur les dix filières de consigne qui émergent en France, elle a été désignée comme la plus avancée. (...)