
Premier enseignement : les inégalités intra-générationnelles s’aggravent sur fond de crise, la ligne de fracture passant principalement par le diplôme. Les jeunes pas ou peu diplômés sont les plus fragilisés et la mise à l’écart du marché du travail les expose au risque d’exclusion sociale durable.
Les jeunes diplômés, pour leur part, connaissent une dégradation de leurs conditions d’emploi ainsi que des privations matérielles temporaires ou des difficultés d’accès à un logement autonome.
Le deuxième enseignement concerne l’imbrication des dimensions conjoncturelle et structurelle de la crise qui explique en grande partie ce creusement des inégalités entre jeunes. Par conséquent, leur réduction requiert des politiques ciblées pour traiter les injustices les plus criantes, mais aussi des réformes structurelles, en particulier, du système éducatif et du régime de protection sociale, qui constituent la clé de voûte de l’intervention publique en direction de la jeunesse. Il est essentiel de repenser le fonctionnement du système éducatif, et d’atténuer le rôle du diplôme dans la détermination des trajectoires professionnelles et sociales pour offrir à chacun la possibilité de se former tout au long de la vie, et partant, des perspectives de mobilité sociale et professionnelle. Autre exemple, il est indispensable de réviser la redistributivité des aides à l’éducation qui ne concernent que des jeunes de milieu modeste, via les bourses, ou de milieu aisé, via les aides fiscales, oubliant les jeunes des classes moyennes quand bien même les frais de scolarité et de logement augmentent fortement. (...)
Troisième leçon : on a affaire à une dynamique systémique des inégalités Dès lors, celles-ci peuvent difficilement être combattues à travers des interventions sectorielles seules. Leur réduction requiert une approche globale, impose de réviser les principes de justice au fondement des politiques publiques (l’égalité d’accès, l’égalité des chances, l’équité, l’égalité des résultats, …) et de repenser leur nécessaire combinaison.
Le dernier enseignement renvoie à l’égalité des droits. (...)
Ce que je veux souligner, c’est la nécessité d’articuler les approches intra et inter-générationnelles. Prenons l’exemple de l’emploi. Certes, sur ce volet il y a des difficultés propres à la jeunesse qu’il faut traiter, mais le problème de fond c’est bien la sécurisation des parcours. Ce n’est pas un problème jeune, même s’il concerne beaucoup les jeunes. Cibler les publics les plus en difficulté est nécessaire, mais on ne règlera pas le fond du problème sans repenser le système d’entrée dans l’emploi et sa sortie. Les contrats de génération illustrent cette approche nouvelle des pouvoirs publics qui intègrent la jeunesse dans une politique promouvant les solidarités entre générations. C’est un nouveau droit commun qu’il faut inventer. L’enjeu est complexe et il faut y répondre par une action publique globale qui intègre toutes les dimensions des problèmes. (...)