
La croissance est considérée comme un indicateur économique essentiel dans notre société. Cela fait plus de trente ans que les élus et les économistes nous expliquent que sans croissance point de salut. Ainsi, Nicolas Sarkozy affirmait durant sa campagne de 2007 : « J’irai chercher la croissance avec les dents ». et François Hollande avait fait de la relance économique et de la croissance en Europe un thème majeur de sa campagne électorale de 2012.
La forte croissance économique qu’ont connue la plupart des pays développés entre 1945 et 1973, jusque la 1ère crise pétrolière en 1973, a engendré une société de consommation du toujours plus. Cette période fait figure d’âge d’or, assurant le plein emploi. Mais le côté obscur de ce modèle économique, c’est qu’il se basait sur l’augmentation de l’extraction du pétrole, donc sur l’épuisement des ressources de la planète avec des émissions de gaz à effet de serre en conséquence.
Depuis 1945, les activités humaines ont dégradé notre planète, fait disparaître de nombreuses espèces de flore et de faune, causé le réchauffement climatique, pollué l’environnement.
Lors de la conférence internationale organisée par l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) les 12 et 13 juillet derniers sur le thème « Une société innovante pour le XXIè siècle », le constat de l’impossibilité d’une croissance infinie sur un monde fini a été pris comme une évidence ; de même que l’impact de notre système économique sur le dérèglement climatique. Le président de l’assemblée nationale, Claude Bartolone, a lui-même déclaré : « Nous pouvons vivre avec 4% de déficit, pas forcément avec 4 degrés de plus ».
Les élus commenceraient-ils à comprendre ? Ne crions pas victoire trop vite, puisqu’au même moment Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, déclare vouloir faire une « exploitation écologique » des gaz de schiste !
Au-delà de la problématique gaz à effet de serre produits par l’utilisation de quantités considérables de combustibles fossiles, c’est aussi notre système économique qui est en panne. Nous nous devons de construire un nouveau paradigme. C’est ce qui ressort de la conférence sus-visée. [Pour en savoir plus...(1)]
C’est ainsi, c’est l’évidence même, que la relance de la croissance - pour parler comme les élus et les économistes, ne peut se faire qu’en investissant dans la transition vers une économie sobre en carbone ; notamment par la transition énergétique et la transition agricole (l’agriculture est la deuxième source de gaz à effet de serre en France).
Nicolas Hulot, porte-parole de la France au sommet de la Terre de Johannesburg (Af. du sud) en 2002, se trouvait aux côtés du président Chirac lorsque celui-ci avait lancé devant l’assemblée plénière : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Nommé envoyé spécial pour la protection de la planète par le président Hollande, il est à espérer que Nicolas Hulot saura convaincre ce dernier de mobiliser la communauté internationale sur la crise écologique mondiale, lors de la conférence sur le climat qui se déroulera à Paris en 2015, et aussi de lancer un vaste programme de décarbonisation de l’économie mondiale, désormais devenu urgentissime. Selon Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement, « les ressources de la planète sont limitées. Deux choses n’ont pas de limite : l’intelligence et la bêtise humaine. A nous de choisir ! ».