
Témoignage de Jeffrey D. Sachs, professeur d’université à l’Université de Columbia*
Session du Conseil de sécurité de l’ONU sur la destruction du gazoduc Nord Stream, 21 février 2023.
(...) La destruction des pipelines Nord Stream le 26 septembre 2022 constitue un acte de terrorisme international et représente une menace pour la paix. Il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU de se saisir de la question de savoir qui a pu commettre cet acte, afin de traduire l’auteur devant la justice internationale, de poursuivre l’indemnisation des parties lésées, et de prévenir de telles actions à l’avenir.
Les conséquences de la destruction du Nord Stream 2 sont énormes. Elles comprennent non seulement les vastes pertes économiques liées aux pipelines eux-mêmes et à leur utilisation potentielle future, mais aussi la menace accrue qui pèse sur les infrastructures transfrontalières de toutes sortes : câbles internet sous-marins, pipelines internationaux pour le gaz et l’hydrogène, transport transfrontalier d’électricité, parcs éoliens en mer, etc. La transformation mondiale en énergie verte nécessitera une infrastructure transfrontalière considérable, y compris dans les eaux internationales. Les pays doivent avoir la certitude que leurs infrastructures ne seront pas détruites par des tiers. Certains pays européens ont récemment exprimé leur inquiétude quant à la sécurité de leurs infrastructures offshore.
Pour toutes ces raisons, l’enquête du Conseil de sécurité de l’ONU sur les explosions du Nord Stream est une priorité mondiale. (...)
Trois pays auraient mené des enquêtes sur le terrorisme du Nord Stream : le Danemark, l’Allemagne et la Suède. Ces pays en savent vraisemblablement beaucoup sur les circonstances de l’attaque terroriste. La Suède, en particulier, est peut-être le pays qui a le plus à dire au monde sur la scène du crime, sur laquelle ses plongeurs ont enquêté. Pourtant, au lieu de partager ces informations au niveau mondial, la Suède a gardé les résultats de son enquête secrets pour le reste du monde. La Suède a refusé de partager ses conclusions avec la Russie et a rejeté une enquête conjointe avec le Danemark et l’Allemagne. Dans l’intérêt de la paix mondiale, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait exiger que ces pays lui remettent immédiatement les résultats de leurs enquêtes. (...)