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Rue 89
La diplomatie chinoise en échec après la chute de Kadhafi
Article mis en ligne le 7 septembre 2011

La Chine a subi son premier vrai revers diplomatique depuis qu’elle est (re)devenue une superpuissance, avec la chute du régime de Kadhafi au profit de rebelles soutenus par les pays de l’Otan. Les relations entre Pékin et les nouvelles autorités libyennes s’en ressentent, Tripoli accusant la Chine d’avoir effectué des ventes d’armes à Kadhafi en pleine guerre.

(...) Selon le Globe & Mail de Toronto, trois sociétés chinoises d’armement ont mené en juillet des négociations avec des représentants du colonel Kadhafi, pour acheter quelque 200 millions de dollars de matériel. Les négociateurs libyens auraient suggéré que la livraison transite par l’Afrique du Sud ou par l’Algérie, ou que du matériel chinois déjà en Algérie soit fourni à l’armée restée fidèle à Kadhafi. (...)

La Chine se retrouve sur la défensive dans cette affaire, car elle a voté la résolution 1970 des Nations Unies instaurant un embargo sur les livraisons d’armes au régime de Kadhafi. (...)

La Chine avait déjà essuyé les critiques des nouveaux maîtres de la Libye, qui ont en particulier laissé entendre qu’ils tiendraient compte de l’attitude chinoise à leur égard dans la répartition des contrats pétroliers, un sujet-clé pour la Chine (comme pour tous les protagonistes de cette guerre…). 10% des exportations libyennes de pétrole étaient destinées à la Chine l’an dernier. (...)

La Chine a en fait mené un double jeu pendant ce conflit, votant ou s’abstenant au Conseil de sécurité de l’ONU -où elle dispose d’un droit de véto-, ce qui a permis l’entrée en guerre des pays de l’Otan, tout en ménageant le régime de Kadhafi et … en établissant des contacts avec le CNT. (...)

Pendant le conflit, Pékin a exprimé un agacement croissant face à l’escalade menée par les pays de l’Otan, estimant -à juste titre, il faut bien le dire- que ces pays outrepassaient le mandat qui leur avait été donné par l’ONU. Nicolas Sarkozy a essuyé ces critiques chinoises lors de sa visite à Pékin, en pleine guerre. (...)

Les Chinois prennent très mal, aujourd’hui, les accusations de Tripoli. (...)

C’est assurément la plus importante crise diplomatique dans laquelle se retrouve la Chine depuis son nouveau statut non déclaré de superpuissance. Elle est significative du fait que la diplomatie chinoise actuelle est exclusivement dictée par l’intérêt de l’économie du pays, de sa voracité en matières premières et sa nécessité d’ouvrir des marchés.

Toutes les puissances de ce monde agissent évidemment en fonction de leurs intérêts, mais disons que la Chine le fait plus crûment, sans l’habillage humaniste des démocraties occidentales… (...)

La Chine va assurément tenter de réexaminer sa posture et son attitude pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Le cas de la Syrie risque de la placer dans une nouvelle situation inconfortable, avec la montée des pressions internationales sur le régime Assad, qui, comme Kadhafi, bénéficie de la bienveillante « neutralité » chinoise. Une neutralité qui est perçue, par les opposants au despote comme un soutien à celui qui les fait massacrer. (...) Wikio