« Un accident comme celui d’AZF est toujours possible », rappellent ceux qui travaillent au sein de sites industriels classés « Seveso », considérés comme très dangereux pour les salariés et l’environnement en cas d’accidents. La pression de la rentabilité, la perte des savoir-faire, le recours à la sous-traitance massive font peser une menace sur la sécurité de tous.
Peu, voire pas formés, les salariés sous-traitants accomplissent les tâches les plus difficiles et les plus dangereuses, mettant leur santé en péril et risquant les accidents les plus graves. Cette sous-traitance permet cependant aux grandes entreprises de se défausser de leurs responsabilités. La situation ne va pas s’améliorer avec la future loi travail qui prévoit la fin des instances spécialisées en matière de santé et de sécurité et une restriction du « droit d’alerte » des salariés. Décryptage. (...)
« Faire taire les salariés »
Cette différence entre procédures écrites et réalité du travail se vérifie aussi dans le décompte des accidents du travail, que les donneurs d’ordre souhaitent voir disparaître. Dans les appels d’offre auxquels répondent les sous-traitants pour la maintenance ou le nettoyage, par exemple, certains critères renvoient à la « sinistralité » : moins on a d’accidents, mieux on est noté. « L’objectif, c’est zéro accident, dit Jean-Michel Berthelin. Ce qui est louable, en soit. Le problème, c’est que ce n’est pas le nombre d’accidents qui diminue, mais leur déclaration. » (...)
Avec la prochaine loi travail que prépare le gouvernement Macron, une ordonnance prévoit de supprimer les CHSCT, de les fondre dans une instance unique de représentation du personnel, voire de restreindre le droit d’alerte des salariés confrontés à un danger grave. Cela n’améliorera pas le quotidien des salariés sous tension et exposés à des risques travaillant sur des sites dangereux. (...)