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Attac 33
La grande mystification
Article mis en ligne le 6 décembre 2013

C’était un engagement daté, d’aucuns considéraient d’ailleurs qu’il était imprudent, téméraire. Mais celui-là, contrairement aux autres, aurait été tenu si l’on en croit certains médias complaisants qui acceptent sans trop barguigner les déclarations satisfaites du pouvoir. François Hollande prend malgré tout bien soin d’adopter une posture mesurée. En la circonstance, il convient d’avoir le triomphe modeste !
Mais cet engagement, justement parce qu’il s’agissait d’un objectif annoncé et parce que le président en avait fait un point d’orgue de son action, pouvait-il être autre chose qu’une prophétie auto-réalisatrice ? Le pouvoir aurait-il pris le risque insensé de mettre en scène le constat de son impuissance s’il n’avait pu compter sur quelques stratagèmes propres à tromper l’opinion, sur quelque « bidouille » de plus pour reprendre l’expression de Jean-Luc Mélenchon ? Quand on connaît les leviers à la disposition de notre grande administration pour traiter, gérer et présenter les chiffres du chômage, F Hollande ne prenait en réalité pas grand risque.
Mais, au-delà du discours officiel et de ce petit satisfecit misérable, la précarité et les situations de détresse sociale continuent malheureusement à augmenter sous l’effet de politiques destinées à satisfaire les exigences du capital au détriment de l’humain.

Car faire croire comme Michel Sapin que les chiffres du mois d’octobre marquent « le début de l’inversion de la courbe du chômage » est une mystification.

 Mystification au niveau des statistiques car beaucoup de commentateurs, journalistes ou hommes politiques l’ont remarqué et mis en évidence : seul le nombre des chômeurs de catégorie A enregistre une baisse d’un mois sur l’autre. L’article d’Agoravox à ce sujet est particulièrement instructif.

 Mystification quant à l’objectif et à la méthode : avec plus de cinq millions de personnes à la recherche d’un emploi toutes catégories confondues (et sans compter bien évidemment les personnes radiées, exclues, découragées), il est illusoire et malhonnête de faire croire à l’opinion que l’on peut résoudre le problème du chômage de masse par davantage de croissance et de compétitivité.

A l’heure du péril écologique, à l’heure de la mondialisation qui imbrique et met en concurrence les économies en appauvrissant désormais les travailleurs du « Nord », les vieux schémas économiques des années soixante sont obsolètes, l’ère pompidolienne est révolue. Comme l’écrit Jean Gadrey, « la croissance est un concept attaché à un monde en voie de dépérissement ». La société de croissance à l’image des trente glorieuses n’est plus accessible et n’est pas souhaitable mais les politiques libéraux et socio-libéraux s’obstinent à entretenir un mythe et à promouvoir et mettre en œuvre un modèle de développement qu’ils savent insoutenable mais qui leur est réclamé par leurs mandants, les détenteurs de capitaux.

Et on ne viendra pas non plus à bout du chômage en améliorant la compétitivité des entreprises par la paupérisation des masses. Les 20 milliards d’euros par an que représente le CICE alimentent principalement les réserves des grands groupes et proviennent du budget des ménages, contribuant à creuser encore davantage les inégalités, et notamment les inégalités d’accès à la formation et à l’emploi, comme le souligne la dernière enquête PISA de l’OCDE sur l’éducation (lire ici).

Comment créer de la croissance en réduisant le pouvoir d’achat ?

Comment créer des emplois en fabriquant toujours plus vite, toujours « mieux », avec de moins en moins de travailleurs qui travaillent de plus en plus longtemps ?

La politique actuelle est irresponsable et ubuesque mais il paraît qu’il n’y en a pas d’autre ! Le partage du temps de travail et des richesses a disparu de l’imaginaire socialiste.

Comme le remarque l’association AC qui appelle à manifester samedi prochain, le 7 décembre, « depuis deux ans rien n’a changé, le gouvernement continue à appliquer les politiques d’austérité mises en place par Sarkozy et exigées par l’Europe. La seule visée du gouvernement est de satisfaire les exigences des financiers et du patronat. Ils veulent à tout prix maintenir leurs bénéfices, sur le dos des peuples. Les profits et les dividendes explosent alors même que la précarité se généralise pour des millions d’entre nous. »
Confrontés aux maladies sociales provoquées par le capitalisme financier, F Hollande et son équipe apparaissent comme des charlatans qui ne proposent à la population que des remèdes périmés aux effets secondaires catastrophiques.